Rien ne justifiait le retour de Bernhard Klee au pupitre de l'OSM et la seule chose qui pouvait expliquer la présence de la pianiste Mari Kodama comme soliste est qu'elle est mariée au titulaire de l'orchestre.

Une seule nouveauté à ce programme par ailleurs très conventionnel: la septième Symphonie d'Alfred Schnittke, continuateur de Chostakovitch. Créée à New York en 1994, l'oeuvre dure très exactement 22 minutes, tel que promis. En trois mouvements enchaînés et de longueurs très inégales, elle se ramène à une sorte de «concerto pour orchestre».

 

On entend d'abord un très long solo de violon auquel se joint ensuite la masse des cordes. Puis les cuivres éclatent en dissonances très marquées. Retour des cordes pour une autre séquence où pointe une petite phrase de clavecin. Qu'est-ce qu'un clavecin vient faire ici? Seul M. Schnittke pourrait répondre... Un gros solo de tuba sort du fond de l'orchestre, puis un solo de trombone. Voici tout à coup, hors de propos, un simple accord de piano, avant une phrase des premiers-violons. Le trombone-basse prend ensuite la parole, puis c'est une contrebasse seule, puis c'est... Je m'arrête là. J'en aurais pour longtemps encore.

La catalogue de Schnittke comporte quelques grandes oeuvres mais aussi beaucoup de musique très discutable et finalement inutile. Cette septième Symphonie, facile, décousue et sans unité, appartient à cette catégorie.

Mme Kodama avait choisi le dernier Concerto de Mozart, le K. 595. On note ici et là quelques légères imperfections de jeu, mais l'ensemble se tient techniquement et l'articulation est claire. La pianiste ornemente beaucoup, comme c'est la coutume, et elle joue les cadences de Mozart. Le résultat n'en reste pas moins très ordinaire, sans profondeur, sans engagement et sans émotion.

L'après-entracte ramène pour la énième fois l'orchestration Ravel des Tableaux d'une exposition de Moussorgsky. Il existe au moins 15 orchestrations de cette oeuvre écrite à l'origine pour piano et on joue toujours celle de Ravel. Assiduité d'autant plus regrettable que l'exécution de mardi fut bien inégale. Le chef tournait ses pages, sans projeter le moindre éclairage nouveau sur cette partition archi-familière. Seuls intervenants dignes de mention: les cuivres. Assez mauvais à leur entrée, ils se ressaisirent peu à peu et couronnèrent le tout dans un grandiose tintamarre.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Bernhard Klee. Soliste: Mari Kodama, pianiste. Mardi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série «Grands Concerts» (le concert était repris hier soir). Programme: Symphonie no 7, op. 234 (1993-94) Schnittke; Concerto pour piano et orchestre no 27, en si bémol majeur, K. 595 (1791) Mozart; Tableaux d'une exposition (1874) Moussorgsky, orch. Ravel (1922)