Sans explication de la part de la direction - rien de nouveau de ce côté-là -, la série «Les 5 à 8 de l'OSM», où une personnalité choisissait le programme et le présentait au public, est devenue «Les Apéros de l'OSM» et est passée de Wilfrid-Pelletier à Maisonneuve.

La formule est inchangée cependant: après le verre de vin au foyer, l'animateur André Robitaille et son invité s'installent dans deux gros fauteuils rouges à gauche de la scène et nous parlent de ce que l'orchestre va jouer.

Marc Labrèche, l'invité de la première rencontre de la saison, hier, fut accueilli par des cris de joie de la salle entière avant même d'ouvrir la bouche. J'ai d'ailleurs noté le même phénomène que par le passé: ces concerts attirent un public complètement nouveau, ce qui est excellent pour l'orchestre.

Avec, dit-il, l'aide de sa mère (qui était dans la salle et qu'il a fait lever), M. Labrèche avait choisi l'ouverture-fantaisie Roméo et Juliette de Tchaïkovsky, la deuxième Gymnopédie de Satie, An American in Paris de Gershwin et un extrait de la musique du film E.T. de John Williams. Tout cela allait être joué par l'OSM que dirigeait Stéphane Laforest, premier chef assistant de l'orchestre. Olivier Thouin était hier au poste de violon-solo.

Peu à dire sur la conversation entre MM. Robitaille et Labrèche. Il n'est même pas venu à l'esprit de celui qui se dit «animateur» de demander à son invité la signification du mot «gymnopédie» (qui, en passant, ne figure même pas dans le Petit Robert 2008).

L'invité nous a simplement dit qu'il avait passé huit mois en Inde et y avait apporté un disque où la pièce de Satie était jouée par un trio de guitares. Passionnant.

Il a aussi parlé de son père, le comédien Gaétan Labrèche, et raconté des tas de choses qui ont provoqué le fou-rire dans la salle et sur la moitié des visages de l'orchestre (the other half restant de glace, croyant sans doute qu'il parlait chinois).

M. Labrèche a aussi chanté une pièce que la salle entière a reconnue (sauf moi) et qu'il a livrée avec des déhanchements d'une vulgarité impardonnable à son âge.

On s'en doute bien, le meilleur de cette expérience de 90 minutes est venu de l'OSM, un peu à l'étroit sur la scène de Maisonneuve, mais y sonnant fort bien. Laforest a dirigé un Roméo et Juliette extrêmement dramatique, il a obtenu des sonorités d'une rare finesse dans le Satie et animé le Gershwin d'un extraordinaire relief. Pour ce qui est de la musique de film de John Williams, je laisse le commentaire au public amateur du genre: ovation à tout rompre et donc, rien à ajouter.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Stéphane Laforest. Animateur: André Robitaille. Invité: Marc Labrèche. Hier soir, salle Maisonneuve de la Place des Arts. Série «Les Apéros de l'OSM».