Cette année encore, Radio-Canada marquait sa rentrée par une émission d'une heure enregistrée à son fameux Studio 42 devant un public d'invités et diffusée en «faux direct», c'est-à-dire avec un décalage d'une demi-heure, à la radio, à la télévision et sur l'internet.

C'était hier soir, après une réception dehors, devant la haute tour du boulevard René-Lévesque. À 20 h débuta la triple diffusion de ce qui avait été enregistré dès 19 h 30.

Produite avec la participation de l'Orchestre Symphonique de Montréal et son chef Kent Nagano et vivement animée par Catherine Perrin, l'émission marquait le 35e anniversaire du vaste et spectaculaire studio souterrain d'où émanèrent tant d'émissions de grande musique, de variétés et d'affaires publiques. Un rapide défilé d'images en faisait la rétrospective et d'ingénieux montages ressuscitaient les visages des artistes qui les animèrent.

Dieu merci, plusieurs sont encore là. Ainsi, Bernard Derome : il était en même temps sur l'écran un soir d'élections de 1984 et parmi l'auditoire d'hier. Ginette Reno aussi. Les images la montraient à différents âges... et hop ! la voici en personne.

Ce n'est pas l'allure grand-mère qui me déçoit, mais plutôt ce besoin de crier pour faire son effet. Je sais pourtant la puissante vocaliste capable de subtilité et de musicalité. Son Summertime était abusivement improvisé et son duo avec Marc Hervieux, hurlé à fendre l'air.

La disposition de l'OSM était très différente de ce qu'elle est habituellement - en éventail, sur gradins - et la sonorité s'en ressentait. On a d'abord entendu une pièce très genre Hollywood de Simon Leclerc inspirée des «fantômes» du Studio 42, puis des lectures routinières de Beethoven, Chostakovitch, Mahler et autres, assorties d'images de toutes sortes.