Jean-Philippe Tremblay avait choisi de donner les neuf Symphonies de Beethoven dans l'ordre le plus simple et le plus significatif: l'ordre numérique qui, correspondant à l'ordre chronologique de leur composition, illustre parfaitement l'évolution stylistique du compositeur en 25 ans. L'intégrale en quatre concerts que le jeune chef avait montée avec l'Orchestre de la Francophonie canadienne, dont il est le fondateur, se terminait donc vendredi soir par la souriante huitième et la puissante neuvième, dite Chorale en raison de l'addition d'un choeur et de quatre voix solistes au dernier mouvement.

On retrouvait dans la huitième les mêmes effectifs que depuis le début, soit 53 garçons et filles. Une dizaine de musiciens s'y ajoutaient pour la plus ambitieuse neuvième. La popularité de celle-ci explique sans doute l'auditoire record de vendredi, soit 750 personnes. La salle Pierre-Mercure était presque comble.

Dans la huitième, Tremblay obtint de sa jeune équipe une lecture élégante et claire, aux battements rythmiques toujours bien synchronisés. Le tempo plutôt rapide qu'il avait adopté pour le menuet était juste, puisque le morceau tient lieu de scherzo. Seule ombre au tableau: les cors, encore une fois. De toute évidente, le cor est l'instrument d'orchestre le plus difficile à maîtriser!

Plusieurs problèmes affectèrent la très complexe neuvième: attaques, coordination des sections, intonation des violons. Mais il faut se rappeler que cet orchestre ne se veut pas de niveau professionnel et reconnaître l'effort et la sincérité qui animaient l'exécution. Même remarque concernant le choeur recruté pour l'occasion.

Des quatre solistes, celui qui a le plus à faire est le baryton (ou la basse, selon le cas), qui se voit confier le récitatif d'entrée. Étienne Dupuis le rendit avec solidité. Les autres furent tout à fait corrects, bien que Marie-Josée Lord ait écrasé son si aigu de la fin.

Ignorant la fatigue évidente qui avait gagné choeur et orchestre, Tremblay leur imposa un rappel, l'Ave verum corpus de Mozart.

Un photographe placé à l'arrière de la salle troubla presque sans arrêt le premier mouvement de la neuvième, provoquant un «Ça suffit, les photos, en arrière!» de la part d'un spectateur placé devant moi, nul autre que Daniel Turp, avec qui on ne peut qu'être d'accord.

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ORCHESTRE DE LA FRANCOPHONIE CANADIENNE et CHOEUR DE L'OFC (dir. Martin Boucher). Chef d'orchestre: Jean-Philippe Tremblay. Solistes: Marie-Josée Lord, soprano, Geneviève Couillard-Després, mezzo-soprano, Marc Hervieux, ténor, et Étienne Dupuis, baryton. Vendredi soir, salle Pierre-Mercure, quatrième et dernier programme de l'intégrale des neuf Symphonies de Beethoven. Symphonie no 8, en fa majeur, op. 93 (1812) Symphonie no 9, en ré mineur, op. 125, avec choeur et quatre voix solistes (1817-24)