Il aura fallu attendre le tout dernier soir de Lanaudière 2009 pour retrouver cet idéal qui, indépendamment de ce qui nous vient de la scène de l'Amphithéâtre, fait toujours l'unanimité: le temps était magnifique et une foule de plus de 5000 personnes remplissait la partie couverte et la pelouse jusque sur les hauteurs.

L'Orchestre Symphonique de Montréal y donnait samedi son deuxième concert et son premier sous la direction de son titulaire Kent Nagano. Une seule oeuvre au programme: le Requiem allemand de Brahms, présenté sans entracte et totalisant, tel que prévu, 68 minutes (plus exactement 69). À 21 h 30, tout était fini.

 

Le souvenir du père Fernand Lindsay hantait tous les esprits, surtout que le concert fut précédé d'une autre projection de l'émouvant documentaire qu'on lui a consacré. L'an dernier, Nagano et l'OSM avaient couronné la saison de Lanaudière avec un autre Requiem, celui de Verdi. Le hasard a voulu que le fondateur du Festival nous quitte entre deux oeuvres d'adieu confiées au même chef, au même orchestre et au même choeur.

La conception de Nagano du Requiem de Brahms n'est pas très émouvante mais elle reste toujours noble et unifiée, avec une forte accentuation du choeur sur les passages dramatiques du texte allemand. Le choeur fut solide dans l'ensemble, parfois un peu faible du côté des sopranos et des ténors. Les deux solistes furent plutôt médiocres. L'Américain Nathan Gunn, chargé des deux solos de baryton, a une voix et un style plus appropriés à la comédie musicale. L'unique solo de soprano faisait exactement cinq minutes (sur un total de 69!), cinq minutes au cours desquelles la Belge Sophie Karthäuser a surtout éprouvé des problèmes de justesse et d'aigu. L'OSM, en revanche, fut impressionnant du commencement à la fin.

Vendredi soir, le pianiste britannique Paul Lewis, entendu seul dans Beethoven à L'Assomption en 2007, revenait comme soliste des Concertos K. 414 et 595 de Mozart avec un nouvel ensemble appelé FilArmonia (notez bien le A majuscule), qui se veut l'«orchestre de chambre du Festival» et groupe 34 musiciens locaux. Le petit orchestre joue sans chef. Le violon-solo, Thomas Gould, dirige ses collègues de son siège en leur faisant quelques signes.

Paul Lewis, l'attraction du concert, n'avait attiré que 1000 personnes. Il a joué ses deux concertos avec une tranquille assurance, sans manières et sans fausses notes. Pour les cadences, il s'en tient à celles de Mozart, ajoutant ici et là quelques ornements, comme cela se fait couramment.

Le petit orchestre l'a bien suivi et a complété le programme avec des exécutions vivantes mais imparfaites d'une ouverture de Schubert et de la Symphonie classique de Prokofiev. Dans ce dernier cas, le pastiche de Haydn évoquait jusqu'aux pratiques de l'époque: orchestre réduit, absence de chef.

En guise de rappel, une Valse triste de Sibelius d'abord paisible puis tourmentée et donc fidèle à ses origines: la célèbre pièce est tirée d'une musique de scène intitulée Kuolema, c'est-à-dire La Mort.

_________________________________________________________________________________________________

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL et CHOEUR SAINT-LAURENT (dir. Michael Zaugg). Chef d'orchestre: Kent Nagano. Solistes: Nathan Gunn, baryton, et Sophie Karthäuser, soprano. Samedi soir, Amphithéâtre de Joliette.

Programme: Ein deutsches Requiem, avec choeur, baryton et soprano, op. 45 (1857-1869) - Brahms

ENSEMBLE FILARMONIA. Soliste: Paul Lewis, pianiste. Vendredi soir, Amphithéâtre de Joliette.

Programme: Ouverture «dans le style italien», en do majeur, D. 591 (1817) - Schubert Concertos pour piano et orchestre no 12, en la majeur, K. 414 (1782), et no 27, en si bémol majeur, K. 595 (1791) - Mozart Symphonie no 1, en ré majeur, op. 25 (Classique) (1917-18) - Prokofiev

Dans le cadre du 32e Festival de Lanaudière