Le violoniste Corey Cerovsek sera de passage au Festival de Lanaudière ce soir pour interpréter un concerto de Korngold avec l'Orchestre symphonique de Montréal. Les mélomanes auront la chance unique d'entendre le virtuose jouer sur un stradivarius qui est passé entre les mains de Paganini.

L'idée de prêter le stradivarius ayant appartenu à Paganini n'avait jamais traversé l'esprit de son propriétaire jusqu'au jour où il a entendu Corey Cerovsek poser l'archet sur les cordes de ce précieux violon. Instantanément, le collectionneur suisse a décidé de lui confier le «Milanollo», un instrument «puissant» que Cerovsek manie «comme s'il s'agissait d'une voiture de sport haut de gamme».

 

«C'est le meilleur violoniste que j'ai entendu dans les 47 dernières années. Je les ai tous entendus et Corey est incomparable», a déjà déclaré le collectionneur Pascal Nicod au sujet du musicien d'origine autrichienne qui a grandi à Vancouver.

Ce soir, les mélomanes pourront admirer le violoniste de 37 ans jouer du célèbre instrument sur la scène de l'amphithéâtre de Joliette dans le cadre du Festival de Lanaudière. Il interprétera le Concerto pour violon en ré majeur op. 35 de Erich Wolfgang Korngold, un compositeur surtout connu pour ses musiques de films et ses mélodies romantiques.

«La musique de Korngold évoque plusieurs images, souligne Corey Cerovsek. Entre le temps passé avec Beethoven, Bach, Mozart et les choses plus sérieuses, j'apprécie ce genre de musique qui adopte le même style, mais qui n'est pas aussi sérieuse. Par ailleurs, je pense que le public aime beaucoup cette musique, qui est agréable à écouter.»

Cerovsek compte interpréter le morceau de façon émotive. «Je n'approche pas mon interprétation comme une thèse de doctorat. C'est toujours instinctif. J'ai longtemps étudié la musique et j'aime bien en parler intellectuellement, mais quand je joue de la musique, ça commence par une réaction émotionnelle. C'est pour cette raison que je n'écoute jamais d'enregistrements lorsque je suis en train d'apprendre une pièce. Je pense qu'il est important de prendre le temps de réagir directement à ce que le compositeur a écrit.»

L'Orchestre symphonique de Montréal sera dirigé par le chef assistant au Boston Symphony, Julian Kuerti. Un maestro que Cerovsek n'a jamais rencontré, mais avec qui il partage plusieurs points communs: ils sont tous les deux dans la trentaine, violonistes, ont entrepris des études universitaires en sciences et sont originaires du Canada anglais.

Un musicien de tradition

Le stradivarius «Milanollo» a été confié à Cerovsek il y a environ sept ans. L'instrument aurait été construit en 1728 alors qu'Antonio Stradivari était âgé de 84 ans. Le violon, qui vaut plusieurs millions de dollars, a également servi à Teresa Milanollo - d'où son nom - et au célèbre violoniste français Christian Ferras.

«Quand je m'arrête pour penser au fait que je joue sur le même violon que Paganini, c'est un peu épeurant, lance Corey Cerovsek. Mais en tant que musicien, il me donne une palette d'interprétation extraordinaire. C'est comme si j'étais passé du noir et blanc à la couleur. J'ai aussi l'impression de m'inscrire dans une incroyable tradition musicale.»

Celui qui en est à son deuxième passage au Festival de Lanaudière avoue toutefois qu'il a dû prendre le temps d'apprivoiser son instrument. «Ce n'est pas vraiment l'instrument le plus facile à manipuler. Contrairement à la plupart des stradivarius, il est très puissant. C'est comme conduire une voiture de sport haut de gamme! Il faut connaître les moindres rouages de son instrument.»

En plus du concerto de Korngold, le violoniste canadien et l'OSM interpréteront la Suite Vertigo de Bernard Herrmann, la Symphonie «inachevée» de Schubert et le poème symphonique Till Eulenspiegel de Richard Strauss.

Le soliste Corey Cerovsek et l'OSM se produiront au Festival de Lanaudière ce soir, à 20h, sur la scène de l'Amphithéâtre de Joliette.