À Lanaudière l'an dernier, Valentina Lisitsa avait joué devant 250 personnes ébahies, dans la petite église de Saint-Paul, après s'être révélée en concerto quelques jours plus tôt. Le Festival la ramenait mardi soir dans l'église plus grande de L'Assomption, où son triomphe de l'an passé avait attiré une assistance deux fois plus nombreuse.

Triomphe cette fois encore, et augmenté d'une radiodiffusion. On imagine l'effet que produira son Troisième de Rachmaninov samedi soir à l'Amphithéâtre. La pianiste ukrainienne de 40 ans est en passe de devenir notre nouvelle vedette-maison, comme le fut la contralto Ewa Podles il y a quelques années. Pro Musica l'a d'ailleurs retenue pour la saison 2010-11.

Le récital de mardi m'a déçu. Bien sûr, il était à peu près impensable de revivre le choc de l'an dernier. Mais il y a davantage. Le programme était trop exclusivement axé sur le déploiement pianistique et la puissance sonore. À cet égard, la colossale Hammerklavier de Beethoven suffisait. Choisir la rare première Sonate de Rachmaninov plutôt que la deuxième était intéressant, mais dans un autre contexte.

Cette première Sonate de Rachmaninov fait d'ailleurs bien du tapage. Une oeuvre plus calme eût apporté à l'ensemble un juste équilibre, ce que ne réussirent qu'en partie le 24e Prélude et Fugue de Chostakovitch et l'Impromptu op. 142 no 3 de Schubert. Au surplus, la pianiste choisit comme rappel un autre morceau à effet, la deuxième Rhapsodie hongroise de Liszt, livrée dans un style inutilement accrocheur.

L'ensemble de sa prestation confirma ses dons pianistiques absolument prodigieux. Là-dessus, aucune discussion possible. La Hammerklavier était l'oeuvre principale mardi soir. Ce que nous avons entendu appelle quelques réserves et, dans ce cas, la pianiste n'est pas seule en cause. La réverbération du lieu et le piano légèrement faux nuisaient à l'audition. Quant à l'interprétation même, elle comportait qualités et défauts. Lisitsa souligne la modernité de cette musique, mais elle prend le mouvement lent trop vite et le vide de sa troublante expression.

VALENTINA LISITSA, pianiste. Mardi soir, église de L'Assomption. Dans le cadre du 32e Festival de Lanaudière. (Radiodiffusion: Radio-Canada, 21 juillet, 20 h.) Programme: Prélude et Fugue no 24, en ré mineur, op. 87 no 24 (1950-51) - Chostakovitch Sonate no 29, en si bémol majeur, op. 106 (Hammerklavier) (1817-19) - Beethoven Impromptu en si bémol majeur, D. 935 (op. 142), no 3 (1827) - Schubert Sonate no 1, en ré mineur, op. 28 (1907) - Rachmaninov.