L'intégrale des 68 Quatuors à cordes de Haydn a obtenu un succès de public inespéré: environ 1000 personnes le premier jour et 1800, soit près du double, pour la journée de samedi.

Chose plus étonnante encore, les jeunes formaient une partie importante de l'auditoire, alors qu'ils sont en nette minorité chez nos deux sociétés spécialisées (LMMC et Pro Musica), et suivaient l'événement avec tout le respect dû au genre. Ils ont crié leur plaisir comme à quelque spectacle rock, mais après avoir écouté dans le plus beau silence... et sans applaudir entre les mouvements! En somme, l'intégrale Haydn aura peut-être créé ici un nouveau public pour la musique de chambre.

Deux ensembles se partageaient encore la soirée de samedi: le Quatuor Ying, de Rochester, N. Y., dans ses débuts à Montréal, et le Quatuor St. Lawrence, d'origine canadienne mais présenté comme venant des États-Unis.

Le Ying est formé de musiciens chinois d'une même famille (les trois frères et leur soeur au second-violon). Ils ont l'air d'avoir 20 ans mais en ont le double, ce qui explique peut-être leur parfaite tenue en scène et, surtout, la haute qualité de leur jeu individuel et collectif. On aura noté la précision du premier-violon, particulièrement sollicité dans le Quatuor op. 76 no 2.

Le programme imprimé donnait Scott St. John comme premier-violon du St. Lawrence, mais St. John était au second-violon et Geoff Nuttall au premier. M. Nuttall danse sur sa chaise pendant qu'il joue et dérange ainsi l'audition au plus haut point. Je fais abstraction du spectacle en me plongeant dans ma partition.

Le St. Lawrence avait en mains des quatuors plus intéressants que le Ying, sombres pour la plupart, avec des mouvements lents plaintifs, voire déchirants, qu'il a rendus avec le maximum d'intensité.

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INTÉGRALE HAYDN. Quatuor Ying et Quatuor St. Lawrence. Samedi soir, Pollack Hall de l'Université McGill.