La quasi-unanimité est faite sur le sujet: de toutes les symphonies de Bruckner, la sixième est la moins intéressante. Structure, thèmes et développements sont en cause. Cette heure complète de Bruckner est néanmoins ce qu'il y avait de meilleur au troisième concert de MusiMars, mercredi soir, Pollack Hall de McGill - un concert qui totalisait encore plus de trois heures, unique entracte compris.

L'exécution ne fut pourtant pas tout à fait du niveau auquel nous ont habitués Alexis Hauser et l'Orchestre symphonique de McGill. L'intonation des cordes était parfois douteuse, les cuivres ont aussi connu quelques problèmes, et l'équilibre des sections n'avait pas toujours la précision requise. Quand même, une exécution plus que respectable, compte tenu qu'il s'agit d'un orchestre d'étudiants.

 

Comme toujours, Hauser avait mémorisé cette musique qu'il aime tant, n'oubliait aucune entrée importante, aucune nuance essentielle, et fit sonner l'ensemble de la masse orchestrale avec une extraordinaire puissance. L'expression dont il remplit le mouvement lent valait à elle seule toute cette heure d'écoute.

Mémographie, du Montréalais Félix Frédéric Baril, en début de programme, est assortie d'une littérature appartenant à la psychanalyse. On lit sans trop comprendre. Et ce qu'on écoute pendant ces 13 minutes ne se distingue en rien de ce qu'on entend à longueur de saison dans les concerts spécialisés.

Xnoybis, de Giacinto Scelsi, pour violon seul, offre plus d'originalité. Les cordes du violon sont désaccordées selon le principe de la scordatura, ce qui crée l'impression de deux violons jouant côte à côte. Seul en scène, Jonathan Crow maîtrisa ces 16 minutes avec le maximum de technique et de concentration.

Le Noir de l'Étoile, de Gérard Grisey, réunit six jeunes musiciens de l'Ensemble de percussions de McGill répartis en six petits orchestres: trois sur scène et trois sur des plateformes à l'arrière de la salle. La pièce est inspirée par le phénomène astronomique des pulsars - là encore, toute une littérature à lire... ou à ignorer -, dure plus d'une heure et provoqua de nombreux départs. Ces gens avaient raison. Trente minutes auraient largement suffi.

Le son voyage d'un bout à l'autre de la salle avec efficacité, certains agrégats sont extrêmement surprenants, voire choquants, on croit même entendre à un moment donné quelque vaisseau traversant l'espace, comme dans un film de science-fiction. Mais ces effets originaux sont trop peu nombreux, il y a trop d'inutiles coups de grosse caisse et trop de redites.

MusiMars se poursuit ce soir et demain soir. On annonce un changement demain: Son of Chamber Symphony, de John Adams, sera dirigé par Denys Bouliane et non par le compositeur, qui a quitté Montréal après ses concerts à l'OSM.

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MUSI/MARS. Troisième concert mercredi soir, Pollack Hall de l'Université McGill.