L'op. 77 de Brahms est, avec le Beethoven, le Tchaïkovsky et le Mendelssohn, l'un des quatre concertos pour violon les plus connus du répertoire. Tous les grands violonistes - et de moins grands aussi - l'on enregistré, certains plus d'une fois, et les nouveaux venus s'y attaquent à leur tour.

Voici, en même temps, deux nouvelles versions signées de violonistes dans la trentaine: le Russe Vadim Repin et le Danois Nikolaj Znaider. Repin le joue avec l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, dir. Riccardo Chailly, chez Deutsche Grammophon, et complète son disque avec, de Brahms encore, le Concerto pour violon et violoncelle op. 102 où l'autre soliste est le violoncelliste norvégien Truls Mörk. Chez RCA, Znaider est accompagné par Valery Gergiev et l'Orchestre Philharmonique de Vienne et ajoute le Concerto op. 35 de Erich Wolfgang Korngold.

 

Pour le Concerto op. 77 de Brahms, la préférence va à Repin. Ici, la maturité d'un maître, jointe à une technique qu'on sait déjà prodigieuse, nous vaut l'une des meilleures versions du catalogue. Se détachant d'un orchestre pourtant très présent, voire tumultueux, le violon de Repin vibre sous des doubles cordes à la fois précises, puissantes et dramatiques dans les deux Allegros extrêmes et, tout en contraste, s'affine miraculeusement dans l'Adagio central où il dessine une ligne continue d'une étrange beauté.

Au premier mouvement, Repin choisit la cadence de Jascha Heifetz, celle-là même que le légendaire violoniste jouait dans son deuxième enregistrement du Brahms (avec Fritz Reiner, 1955, RCA).

 

Dans le Double concerto, Truls Mörk se révèle l'égal de Repin à tous égards. En fait, violon et violoncelle, comme le prolongement l'un de l'autre, se répondent avec la fluidité suggérant un seul instrument. Ici encore, orchestre bien détaillé. On entend le moindre pizzicato.

L'op. 77 de Znaider est moins impressionnant. Znaider joue la cadence de Joseph Joachim, qui créa le concerto en 1879, mais son jeu est souvent maniéré, voire accrocheur - il fait du violon plutôt que de la musique - , et la direction de Gergiev paraît banale à côté de celle de Chailly.

Cette approche sentimentale de Znaider convient tout à fait au Concerto de Korngold, musicien viennois adopté par l'industrie cinématograhique hollywoodienne. Créé par Heifetz déjà nommé et enregistré par lui, l'irrésistible Korngold reçoit ici ce qui en est peut-être le meilleur enregistrement depuis Heifetz, justement.

BRAHMS: VADIM REPIN ET TRULS MÖRK

DEUTSCHE GRAMMOPHON, 4 777 470

**** 1/2

BRAHMS ET KORNGOLD: NIKOLAJ ZNAIDER

RCA, 88 697 103 362

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