Juste avant le concert, une voix au micro annonce que la sonate de Beethoven qu'on entendra n'est pas l'opus 30 no 3, comme l'indique le programme, mais l'opus 30 no 2. On s'apprête donc à passer de sol majeur à do mineur... Mais non, c'est bien la troisième et dernière sonate de l'opus 30 qu'on entend - celle qui est indiquée sur le papier, et rien d'autre. Pourquoi cette confusion? Pourquoi annoncer des changements lorsqu'il n'y en a pas?

C'est donc avec la huitième des 10 Sonates violon-piano de Beethoven que la violoniste allemande Arabella Steinbacher, 27 ans, ouvrait son récital de lundi soir à Pro Musica. Au fond, peu importe qu'elle ait joué la deuxième ou la troisième - ou la première - de l'opus 30. Son exécution avait si peu de caractère qu'on se demandait pourquoi, au départ, elle jouait Beethoven. La jolie visiteuse n'a aucune personnalité et son pianiste n'aide rien, se contentant de suivre le violon.

 

Le tandem s'aventurait ensuite dans la nouveauté: première Sonate de Schnittke. L'oeuvre compte peu dans le répertoire, mais elle est difficile pour les deux instruments et le résultat est bon au plan technique.

Le meilleur moment du récital vient après l'entracte. C'est la célèbre Chaconne pour violon seul de Bach, que la violoniste fait de mémoire, en 15 minutes. Quelques nuances subtilement ajoutées au texte en dissipent l'aridité, cependant qu'une mélodie se dessine à travers des doubles cordes d'une absolue justesse.

La Sonate de Ravel termine le récital avec un certain brio et un certain humour, mais là comme dans le Beethoven, l'impression est celle d'une séance de concours. La violoniste annonce néanmoins un rappel, d'une voix faible qui ne se rend pas au milieu de la salle. On reconnaît un air de Porgy and Bess, mais on ignore de qui est l'arrangement.

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ARABELLA STEINBACHER, violoniste, et ROBERT KULEK, pianiste. Lundi soir, salle Maisonneuve de la Place des Arts. Présentation: Société Pro Musica. Programme: Sonate no 8, en sol majeur, op. 30 no 3 (1802) - Beethoven Sonate no 1 (1963) - Schnittke Chaconne, de la Partita pour violon seul no 2, en ré mineur, BWV 1004 (c. 1720) - Bach Sonate no 2 (1923-27) - Ravel.