Formé en 1981 par les musiciens qui le composent encore aujourd'hui, le Quatuor à cordes Auryn, d'Allemagne, en était dimanche à sa troisième visite au LMMC. On l'y avait entendu en 2002 dans Haydn, Schoenberg et Brahms, puis en 2004 dans Mendelssohn, Bartok et Beethoven. Ces deux derniers revenaient dimanche, avec Brahms.

Le maintien des mêmes effectifs depuis le début confère à un groupe tel que le Auryn une unité de pensée, de mouvement et de son impossible à obtenir autrement. Jouant ensemble depuis bientôt 30 ans, les membres du Auryn possèdent cette unité et en ont donné une nouvelle illustration devant la salle comble que les deux précédents concerts leur assuraient.Au strict plan technique, c'est la perfection, ou presque. Chacun des quatre musiciens est un maître de son instrument; en même temps, chacun est conscient de faire partie d'un ensemble. L'idéal du quatuor à cordes est là et cet idéal, le Auryn l'incarne avec conviction.

De Beethoven et Bartok, il avait choisi les derniers quatuors il y a cinq ans. Cette fois, il allait à l'autre extrême. Le tout premier Beethoven est déjà une grande oeuvre et le Auryn l'aborde comme tel, tirant du mouvement lent une expression des plus troublantes. Bien que joué dans la révision effectuée en 1956 à partir du manuscrit (détail omis dans le programme), le premier quatuor de Bartok, de 1908, n'offre pas l'intérêt des suivants. Qu'il passe quand même bien, l'intervention d'une grande formation telle que le Auryn y est pour beaucoup. (L'interminable séance de "réaccordage", au beau milieu du Bartok, étonnait cependant de la part d'un ensemble professionnel.)

Même privé de la reprise au premier mouvement, le deuxième Quatuor de Brahms reste très long et monopolise l'après-entracte. Le Auryn y évite l'épaisseur sonore favorisée par certains ensembles et préfère une lecture élégante et limpide qui respecte néanmoins le caractère de cette musique de réflexion.

Un rappel suit presque immédiatement: finale, aussi précis que rapide, du Hob. III: 48 de Haydn.

Quatuor à cordes Auryn - Matthias Lingenfelder et Jens Oppermann (violons), Stewart Eaton (alto) et Andreas Arndt (violoncelle). Dimanche après-midi, Pollack Hall de l'Université McGill. Présentation: Ladie's Morning Musical Club.

Programme : Quatuor no 1, en fa majeur, op. 18 no 1 (1799-1800) - Beethoven

Quatuor no 1, op. 7, Sz. 40 (1908, rév. 1956) - Bartok

Quatuor no 2, en la mineur, op. 51 no 2 (1873) - Brahms.