C'est de nouveau privé de sa fondatrice et premier-violon que le Quatuor Molinari se produisait vendredi soir au Bon-Pasteur. Olga Ranzenhofer avait tenu à assister au concert, mais le temps qu'elle souhaiterait consacrer au groupe va, pour l'instant, à son fils très gravement malade.

Nous avons donc retrouvé la même composition qu'en début de saison, le deuxième-violon Frédéric Bednarz occupant le poste de Mme Ranzenhofer et une nouvelle venue, Annie Guénette, prenant le sien.

 

Le concert marquait les 50 ans du Centre de musique canadienne, mais celle-ci n'y était pas représentée d'une façon particulière. Sur quatre oeuvres, une seule était d'ici: celle de Michael Matthews, un homme d'une cinquantaine d'années, qui est venu la présenter.

Les allocutions de circonstance allongèrent un programme déjà très long: nous sommes sortis de là à 22h30. C'est insensé. Les deux oeuvres nouvelles sont en cause: beaucoup trop longues pour la substance qu'elles contiennent. La pièce de l'Américain Kevin Puts dure 24 minutes et celle du Canadien Matthews, 33 minutes.

Puts dit avoir été inspiré ici par des actes de violence qui se sont produits dans des écoles américaines. Sa musique n'en fait rien sentir et pourrait accompagner un coucher de soleil, se déroulant le plus souvent en douceur, sur d'aimables unissons et de petits sons très fins.

Le quatuor de Matthews est en quatre mouvements: deux du genre néoclassique encadrant deux morceaux constitués de sonorités raffinées que s'échangent interminablement les quatre musiciens. L'auteur dit avoir été influencé par Schumann. Là encore, aucune trace...

Un grand professionnalisme dans l'écriture caractérise les deux nouveautés. Ce qui n'en fait pas automatiquement des chefs-d'oeuvre. Il faut aussi reconnaître l'excellence de la préparation et de l'exécution du Molinari qui, en conséquence, a un peu négligé le reste du programme. Des deux quatuors de Prokofiev et des deux quatuors de Janacek, le Molinari avait déjà joué le premier du Russe et le deuxième du Tchèque. Vendredi, c'était l'inverse. Les aspérités du Prokofiev numéro 2 et les «sul ponticello» vitreux du Janacek numéro 1 étaient bien rendus, mais l'essence des deux oeuvres se situe bien au-delà de ces effets sonores.

QUATUOR À CORDES MOLINARI - Frédéric Bednarz et Annie Guénette (violons), Frédéric Lambert (alto) et Pierre-Alain Bouvrette (violoncelle). Vendredi soir, Chapelle historique du Bon-Pasteur.

Programme: Quatuor no 2, en fa majeur, op. 92 (1941-42) - Prokofiev Dark Vigil (1999) - Puts Quatuor no 3 (2005) (création) - Matthews Quatuor no 1, en mi mineur (Sonate à Kreutzer) (1923) - Janacek