Le premier concert de la nouvelle année à l'Orchestre Symphonique de Montréal réunissait les deux grands gagnants du 69e Concours OSM: Keith Dyrda, tromboniste, et Hubert Tanguay-Labrosse, clarinettiste. C'est par ordre alphabétique qu'ils sont nommés ici, ayant terminé la compétition absolument égaux.

En effet, le nouveau règlement stipule un seul grand prix et, par le fait même, un seul gagnant invité à se produire en concert avec l'OSM, mais Dyrda chez les cuivres et Tanguay-Labrosse chez les bois furent jugés si exceptionnels que le jury décida de décerner à chacun le grand prix de 8000 $. (La troisième discipline au programme, le chant, s'est terminée sans premier prix.)

Le Montréalais Tanguay-Labrosse (il faudra peut-être songer à un nom plus court pour la carrière !) a joué hier le premier Concerto pour clarinette de Weber, après avoir été limité au premier mouvement avec l'Orchestre du Conservatoire en 2006. Récemment, il se signalait de nouveau avec l'Ensemble Musique Avenir.

Trois prestations qui ne laissent aucun doute: ce garçon est appelé à devenir un grand clarinettiste. Technique, sonorité et musicalité sont là. La personnalité s'y greffera graduellement - dans l'exécution des trilles, par exemple. Deux ou trois petits couacs sont sans importance. Plus intéressante est la façon dont il a traduit l'indication con duolo («avec douleur») qui accompagne l'entrée de la clarinette, à la mesure 48.

Le jeune tromboniste Keith Dyrda, qui venait ensuite, est originaire du Manitoba mais étudie à McGill, et avec un musicien de l'OSM, ce qui réduit considérablement l'envergure «pancanadienne» que le Concours OSM prétend avoir. (Hier, dans la même page, il était identifié comme «tromboniste basse» et «trombone ténor». Quel sérieux !) Le Concerto de Henri Tomasi est presque de la mauvaise musique, au mieux un sous-produit de Darius Milhaud. La partition de 17 minutes permet cependant au trombone de rêver et de s'encanailler, ce que M. Dyrda fit avec aplomb et à propos, utilisant au besoin deux sourdines différentes.

Les deux jeunes lauréats jouaient de mémoire. Le chef invité, le Britannique Mark Wigglesworth, les a bien suivis et a, lui aussi, dirigé de mémoire la deuxième Symphonie de Rachmaninov, dont les 62 minutes occupaient l'après-entracte. La très longue partition est parfois amputée de plusieurs pages, au concert et au disque; de plus en plus, les chefs la donnent intégralement et c'est le choix de M. Wigglesworth. Il aurait dû choisir la version avec coupures, n'ayant pas l'envergure musicale qui seule permet à cette oeuvre inégale de passer. S'il construit un certain crescendo dans le mouvement lent, le reste se ramène à de faux élans et beaucoup de bruit.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Mark Wigglesworth. Solistes : Keith Dyrda, tromboniste, et Hubert Tanguay-Labrosse, clarinettiste. Hier après-midi, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série «Dimanches en musique». (Radiodiffusion : Radio-Canada, 26 janvier, 20 h.)



Programme:

Concerto pour clarinette et orchestre no 1, en fa mineur, op. 73, J. 114 (1811) - Weber

Concerto pour trombone et orchestre (1956) - Tomasi

Symphonie no 2, en mi mineur, op. 27 (1907) - Rachmaninov