Deux noms à l'affiche de l'OSM hier après-midi: l'un très connu, Marie-Nicole Lemieux, l'autre pas, Roberto Minczuk, chef brésilien qui dirige l'Orchestre de Calgary.

De retour de plusieurs engagements très médiatisés en Europe, Marie-Nicole Lemieux reprenait les cinq Rückert-Lieder de Mahler qu'elle a chantés ici au moins deux fois depuis l'obtention en 2000 du grand prix Reine-Élisabeth de Belgique: à la basilique Notre-Dame avec l'OSM en 2001, puis en 2005 à Lanaudière avec le Métropolitain remplaçant l'OSM en grève.

 

Après une entrée tout sourire et avant une sortie qui sera encore tout sourire, notre chanteuse prend bien soin d'adopter le regard sombre qui convient au sérieux de ces pages. La voix est belle, large et bien conduite, avec un grave légèrement poitriné que certains prennent pour une authentique couleur de contralto. Mais il n'y a que cela: la voix.

Bien que Mme Lemieux possède ses textes par coeur et les donne dans un bon allemand, ses Mahler restent en surface et, finalement, laissent indifférent. Il y a un problème quelque part et il n'est pas précisément d'ordre musical. Il est même assez évident: notre chanteuse se répand à droite et à gauche et n'a tout simplement plus le temps d'approfondir ce qu'elle fait.

Le chef invité l'a bien accompagnée et le solo de cor-anglais de Pierre-Vincent Plante nous apporta l'émotion que la voix nous refusait.

Le programme incluait textes et traductions mais, comme l'OSM tient la salle dans l'obscurité, il était impossible de comprendre ce que la chanteuse chantait - sauf si l'on connaissait chaque mot, ce qui est peu probable. Pourquoi donc fournir les textes si on ne parvient pas à les lire? Mais ce n'est là qu'un autre exemple de l'illogisme qui règne à l'OSM.

En début de concert: reprise de la pièce de l'Espagnol Ramon Humet qui remporta le premier prix au Concours de composition de l'OSM l'an dernier. On s'étonne que le plus important des prix soit allé à une pièce ne requérant que les deux tiers de l'orchestre. Deux tiers qui font 13 minutes de petits bruits dont on se demande quand ils vont s'arrêter. Les musiciens eux-mêmes semblaient gênés de jouer pareille chose. Ainsi, les deux cornistes - car il n'en restait que deux, elle et lui - frappaient leur instrument avec leur main et échangeaient ensuite un sourire entendu.

La quatrième Symphonie de Tchaïkovsky n'est pas recréée dans une nouvelle et révolutionnaire optique, mais elle dirigée très décemment - et de mémoire - par un chef qui manifestement aime et respecte cette musique. Tout l'orchestre sonne bien et équilibré, les cuivres sont très présents, comme le veut la partition, et les pizzicati du troisième mouvement ne manquent pas d'amuser l'auditoire. On souhaiterait un Andantino plus rêveur. Par contre, le finale pris plutôt vite est tout à fait conforme aux indications du compositeur et suscite une ovation monstre.

____________________________________________________________________________________________

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Roberto Minczuk. Soliste: Marie-Nicole Lemieux, mezzo-soprano. Hier après-midi, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série «Dimanches en musique». Programme: Escenas de pajaros (2007) - Humet Fünf Lieder nach Texten von Friedrich Rückert, pour voix et orchestre (1901-04) - Mahler Symphonie no 4, en fa mineur, op. 36 (1877-78) - Tchaïkovsky