La jeune violoniste sud-coréenne Jinjoo Cho, grand prix du Concours de Montréal 2006, se produisait avec la pianiste Louise-Andrée Baril mercredi aux récitals d'une heure de la Maison des JMC, dans le cadre d'une tournée pancanadienne de 32 concerts.

La jeune lauréate de 20 ans a encore pris du métier depuis son dernier récital ici, dans la même salle, quelques mois après la compétition. L'assurance en scène est celle d'une violoniste de carrière, le résultat aussi.

 

Au départ, son programme illustrait tous les aspects de base de la technique violonistique et, à cet égard, elle mérite la plus haute note, avec mention très spéciale pour la justesse. Seule petite ombre au tableau: le passage un peu laborieux du au si suraigus, à la fin de la première partie de la romance The Lark Ascending, de Vaughan Williams.

Un Bach comme entrée en matière, la deuxième Sonate pour violon seul, s'est révélé le sommet de cette heure de musique. Seule devant Bach, sans partition et sans pianiste, la violoniste a atteint, à 20 ans, ce niveau d'absolu, que n'ont pas des violonistes ayant deux fois son âge, où l'instrument devient musique. Le travail contrapuntique dans la longue fugue était prodigieux.

Question de goût ou de musicologie, la violoniste joue son Bach sans les reprises et ignore les «piano» et «forte» qui, selon les spécialistes, sont du compositeur lui-même.

Sous ses doigts, le Vaughan Williams déjà mentionné est un chef-d'oeuvre de délicatesse et d'atmosphère, égal à la vision de Hilary Hahn à l'OSM en 2003. Intéressant: la version avec piano entendue mercredi fut créée avant la version avec orchestre, l'interprète étant aussi une femme dans les deux cas, Marie Hall.

La deuxième Sonate de Prokofiev (transcription de la Sonate pour flûte) permet à Louise-Andrée Baril d'occuper l'espace au même titre que la violoniste. Mme Baril ne joue pas «trop fort», pour reprendre le commentaire d'une auditrice: elle joue tout simplement ce que demande Prokofiev. Les deux partenaires se révèlent absolument égales dans ce dialogue serré, tour à tour rêveur et sarcastique.

La violoniste n'a pas donné de rappel. Mais elle a commenté son programme. La prochaine fois, il faudra essayer de dire quelques mots en français, O. K.? ...

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JINJOO CHO, violoniste, et LOUISE-ANDRÉE BARIL, pianiste. Mercredi soir, Maison des JMC. Programme: Sonate pour violon seul no 2, en la mineur, BWV 1003 (c. 1720) - Bach The Lark Ascending (1914, rév. 1920-21) - Vaughan Williams Sonate pour violon et piano no 2, en ré majeur, op. 94a (1943-44) - Prokofiev