Ce concert de Matt Haimovitz et Geoff Burleson reprenait le titre «Odd Couple» («Couple inusité») de leur disque récent dont l'idée de base est que violoncelle et piano, instruments pourtant incompatibles, peuvent bien sonner ensemble.

L'attrait principal du programme était la Sonate d'Elliott Carter, qui faisait double emploi: elle soulignait le proche centenaire du compositeur américain qui, toujours vivant, semble avoir caricaturé et glorifié, à la fois, cette incompatibilité en multipliant pendant 22 minutes oppositions, décalages et autres écueils.

 

Très rares sont les tandems violoncelle-piano qui s'aventurent dans cette forêt de notes et de signes. Haimovitz et Burleson ont pris le risque et ont gagné haut la main. Il est clair qu'ils avaient surtout travaillé le Carter. Le Beethoven (Sonate op. 102 no 2) bénéficia de la pleine sonorité du violoncelle mais trouva le piano ici et là en difficulté.

Le concert dura une heure et demie, sans entracte, sans la moindre pause entre les oeuvres. Le Beethoven et le Carter furent suivis de pièces où un opérateur de tables tournantes, qui est de New York et se présente sous le nom de DJ Olive, mêle au violoncelle et au piano (tous deux manipulés) des sons qu'il obtient en variant la vitesse de disques 33-tours. Ces produits, respectivement de Nicole Lizée et Tod Machover, sont enfantins, vides et prétentieux. On s'étonne qu'un musicien comme Haimovitz perde son temps à de pareilles inepties.

Matt Haimovitz, violoncelliste, Geoff Burleson, pianiste, et DJ Olive, opérateur de tables tournantes. Jeudi soir, Pollack Hall de l'Université McGill. Concerts CBC.