Ce fut certainement le début de saison le plus spectaculaire des 43 ans d'existence de la Société de musique contemporaine du Québec. Le concert de deux heures était occupé par un seul compositeur, Olivier Messiaen (pour son centenaire), et par une seule oeuvre, Des canyons aux étoiles..., où 45 exécutants (dont quelques-uns du NEM et d'ailleurs) remplissaient toute la scène de Pierre-Mercure avec leurs instruments et, mieux encore, étaient reproduits plusieurs fois sur écran géant grâce à un savant procédé technologique.

Le Musica Aeterna Orchestra de New York commanda l'oeuvre à Messiaen pour le bicentenaire des États-Unis et le compositeur alla en chercher l'inspiration dans les immenses canyons de l'Utah. La création fut faite à New York en 1974 par Musica Aeterna et la pianiste Yvonne Loriod, épouse de Messiaen et sa plus célèbre interprète.

La SMCQ avait réparti les 12 sections de l'oeuvre en deux groupes faisant respectivement 49 et 50 minutes. Avec 25 minutes d'entracte, le compte y était: 124 minutes.

Comme c'est si souvent le cas chez Messiaen, on se surprend à suivre avec intérêt ce qui se passe malgré la répétition des mêmes formules ou de formules semblables. Le résultat peut devenir exaspérant, et c'est le cas ici, mais il n'est jamais vraiment ennuyeux. Messiaen use de trucs, mais toujours avec originalité, la première qualité qui retient l'attention étant la beauté des sons qu'il a inventés. Cette beauté fut pleinement recréée par l'Ensemble de la SMCQ et notamment par les cuivres. Mais on peut aussi regretter que le compositeur glisse ici dans le genre musique de film et qu'il aille jusqu'à puiser dans ses partitions des années 40...

La salle n'était pas remplie et la réponse du public ne fut pas la plus enthousiaste qui soit. Il était clair que les applaudissements s'adressaient d'abord aux musiciens et à leur chef Walter Boudreau qui, malgré la chaleur qu'il faisait dans la salle, avaient donné leur maximum, et ce pendant deux heures.

Au piano à l'avant-scène, en retrait de l'orchestre, Louise Bessette fut absolument héroïque dans sa reconstitution des chants d'oiseaux que le compositeur a multipliés ici. Louis-Philippe Marsolais, seul au cor devant l'orchestre silencieux, joua de mémoire son grand solo avec des sons cuivrés et de poétiques effets de lointain. Les deux percussionnistes Grégoire et Slapcoff complétaient parfaitement le quatuor de solistes. Sans oublier les deux jeunes musiciennes postées aux machines à vent (à gauche) et à sable (à droite).

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SOCIÉTÉ DE MUSIQUE CONTEMPORAINE DU QUÉBEC. Ensemble de la SMCQ, Louise Bessette, pianiste, Louis-Philippe Marsolais, corniste, Julien Grégoire et Robert Slapcoff, percussionnistes. Dir. Walter Boudreau. Mercredi soir, salle Pierre-Mercure. Programme: Des canyons aux étoiles... (1971-74) - Olivier Messiaen.