Encore un problème de chanteuse, un peu moins grave qu'à l'opéra cependant. «Deux voix pour Berlioz», annonçait l'Orchestre Métropolitain du Grand Montréal comme premier programme de la saison. Mais l'une des deux voix n'était pas là. Marianne Fiset étant indisposée, Julie Boulianne dut chanter seule les six mélodies du recueil Les Nuits d'été de Berlioz.

En confiant l'exécution à deux voix féminines, Yannick Nézet-Séguin rejoignait un peu le compositeur qui souhaitait entendre son oeuvre partagée entre plusieurs voix masculines et féminines. La tradition s'est cependant établie d'un seul interprète pour le recueil complet et les circonstances ont voulu que la présentation de l'OM suive finalement cette tradition boiteuse où l'on entend presque toujours une voix de femme se plaindre que «ma belle amie est morte» ou implorer: «Reviens, reviens, ma bien-aimée!»

 

C'était vendredi soir, à l'église Saint-Nom-de-Jésus de Hochelaga-Maisonneuve, devant 800 personnes venues pour l'ouverture du festival Orgue et Couleurs. Une reprise, cet après-midi, 16h, salle Wilfrid-Pelletier de la PdA, marque l'ouverture officielle de la saison de l'OM. La direction assure que Marianne Fiset sera rétablie et, tel qu'annoncé au départ, partagera le Berlioz avec Julie Boulianne.

Vendredi soir, cette dernière s'est acquittée de la tâche avec honneur. La voix est belle et l'interprétation était sentie, soutenue par un orchestre très subtil. Certaines valeurs de note restent à revoir cependant. La réverbération du lieu brouillait hélas! le texte, que l'on devinait pourtant bien compris et bien articulé par la jeune chanteuse. Orgue et Couleurs devra trouver une solution à ce problème qui n'aidait certainement pas le public à recevoir cette oeuvre inégale.

Ravel dominait le programme, avec La Valse et l'orchestration des Tableaux d'une exposition de Moussorgsky. Deux pages célèbres, autant de prodigieuses réussites. Étrangement, la réverbération qui nuisait à la voix seule conférait au second orchestre de cette ville une puissance, un éclat et une couleur qui le rapprochaient de son fameux concurrent. La pulsation que Nézet-Séguin imprimait à La Valse évoquait les grands soirs de Dutoit et les solos des Tableaux furent tous parfaitement rendus: la trompette, le tuba, le saxophone, qui nous donna jusqu'au petit glissando final si souvent ignoré.

La fanfare d'entrée que OetC a commandée à un certain Enrico O. Dastous pour son 10e anniversaire a été livrée sous un titre anglais (!) et, pis encore, est lourde et beaucoup trop longue.

ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN DU GRAND MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Yannick Nézet-Séguin. Soliste: Julie Boulianne, mezzo-soprano. Vendredi soir, église Saint-Nom-de-Jésus. Dans le cadre du festival Orgue et Couleurs. Reprise aujourd'hui, 16h, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. (Radiodiffusion: Radio-Canada, 6 octobre, 20h.)

Programme: La Valse (1920) - Ravel Les Nuits d'été, op. 7 (1834-56) - Berlioz Tableaux d'une exposition (1874-1922) - Moussorgsky, orch. Ravel