L'Opéra de Montréal ouvre sa 29e saison ce soir, 20h, salle Wilfrid-Pelletier de la PdA, avec une nouveauté: La Fanciulla del West, de Puccini. L'OdM a voulu marquer le 150e anniversaire du compositeur avec un ouvrage peu connu qui mérite pourtant d'être vu et entendu. Cinq représentations sont annoncées jusqu'au 2 octobre.

C'est l'opéra «américain» de Puccini. Chanté en italien sur une trame typiquement puccinienne, mais au sujet entièrement «made in USA», La Fanciulla del West s'inspire d'un drame de David Belasco, The Girl of the Golden West, que Puccini avait vu en 1907 à New York où il était venu assister à la première au Metropolitan de Madama Butterfly, également basé sur un drame de Belasco. La création mondiale de Fanciulla se fera au même «Met» en 1910.

 

L'action se déroule dans le Far West vers 1850, à l'époque de la Ruée vers l'or. Minnie, le personnage central, est la tenancière d'un bar où les mineurs se rassemblent et entreposent leur or. Ils aiment tous Minnie et lui font confiance. La belle est partagée entre deux hommes: le shérif Jack Rance, qui la convoite, et un certain Dick Johnson. Minnie et Johnson s'aiment, bien que Johnson soit un bandit, de son vrai nom Ramerrez, pourchassé par Rance et ses hommes.

Pour le sauver, Minnie propose une partie de poker à Rance. S'il gagne, Johnson et elle sont entre ses mains. S'il perd, les deux amants sont libres. Minnie triche et gagne. Johnson est finalement capturé. Les mineurs s'apprêtent à le pendre à un arbre lorsque Minnie accourt et rappelle à tous sa générosité passée à leur endroit. Elle ne leur a jamais rien demandé; aujourd'hui, elle voudrait simplement connaître un peu de bonheur. Incapables de résister, ils libèrent Johnson, qui s'éloigne avec Minnie en chantant «Addio, mia California!»

Les opéras les plus connus de Puccini, Manon Lescaut, La bohème, Tosca et Madama Butterfly, appartiennent à la période 1893-1904 et doivent leur popularité en grande partie aux nombreux airs qu'ils renferment. Plus moderne au plan harmonique, La Fanciulla del West, venu six ans plus tard, se déroule plutôt sur le ton de la conversation et de la «mélodie continue» wagnérienne. La partition ne compte pas de grands airs isolables du contexte, sauf, à la rigueur, un arioso de deux minutes pour le ténor à la toute fin.

De 1910 à 2008

À la création, en 1910, La Fanciulla del West réunissait Emmy Destinn, Enrico Caruso et Pasquale Amato, sous la direction d'Arturo Toscanini. L'oeuvre fut donnée à Montréal quatre ans plus tard, en anglais, par une troupe de tournée. La scène locale aura attendu près d'un siècle pour retrouver Fanciulla et la retrouver dans sa langue originale.

À l'OdM, le rôle-titre est interprété par la soprano américaine Susan Patterson, déjà entendue ici, Johnson par le ténor australien Julian Gavin et Rance par le baryton mexicain Luis Ledesma. La distribution comprend, en plus du trio central, 14 petits rôles dont huit de mineurs. La Canadienne Keri-Lynn Wilson, déjà invitée à l'OSM, dirigera l'Orchestre Métropolitain et le Choeur de l'OdM.

Les trois actes de La Fanciulla del West se passent dans trois lieux différents : le bar de Minnie, son humble demeure et la forêt. L'OdM indique que le metteur en scène Thaddeus Strassberger a situé l'action à bord d'un train qui a déraillé et est devenu «symbole de la désillusion des travailleurs qui se rendaient en Californie dans l'espoir d'y découvrir un nouvel Eldorado».

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La Fanciulla del West, de Puccini, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts jusqu'au 2 octobre.