Parlons d'un tracé quasi parfait pour Lucienne Renaudin Vary, qui aura 20 ans en janvier prochain. Depuis l'enfance, la trompettiste française cumule les prix pour ses qualités phénoménales d'interprète.

À peine arrivée à l'âge adulte, la musicienne enfile les invitations en tant que soliste avec les grands orchestres et ensembles d'Europe. Enfin bref, l'avenir est si éclatant pour cette instrumentiste prodigieuse que le port de verres fumés pourrait être requis!

Voilà qui justifie ce coup de projecteur pour celle qui, cette semaine, fera ses débuts au Québec avec Les Violons du Roy.

Elle y interprétera deux oeuvres, soit le Concerto pour trompette en mi bémol majeur de Joseph Haydn, ainsi que le Concerto pour trompette en mi bémol majeur de Johann Nepomuk Hummel.

«Je suis toujours ravie de les refaire avec des orchestres et chefs différents», explique la jeune musicienne, jointe en France ce week-end.

«Celui de Haydn me semble très classique, alors que celui de Hummel comporte une grande part de romantisme dans le deuxième mouvement et plein de pêche dans le troisième. J'adore!»

Chef associé des Violons du Roy, Mathieu Lussier dirigera les musiciens dans ce programme présenté à Québec et à Montréal.

«Je ferai sa connaissance sur place, indique notre interviewée, mais je connais Les Violons du Roy, avec qui je jouerai pour la première fois. J'en ai écouté des enregistrements, particulièrement cet album fait avec le pianiste français Alexandre Tharaud, que j'ai beaucoup aimé. Je pense bien que ça va être super!», lance-t-elle avec enthousiasme et candeur.

Parcours de rêve

Née en janvier 1999, Lucienne Renaudin Vary a un parcours de rêve. Elle fut d'abord formée au Conservatoire du Mans en 2007, et son talent exceptionnel la mena rapidement à Paris où elle poursuivit ses études au Conservatoire national supérieur de musique et de danse.

Encore adolescente, elle a remporté en 2016 la Victoire de la musique classique dans la catégorie Révélation Soliste instrumental. En 2017, elle était la plus jeune soliste invitée au Festival de musique de Carthagène, et elle s'est produite sur le continent américain.

Pour Lucienne Renaudin Vary comme pour de plus en plus de jeunes musiciens instruits de l'époque actuelle, les musiques écrites ou improvisées font partie d'un même corpus. Déjà en 2009, soit à l'âge de 10 ans, elle s'inscrivait dans une classe de jazz et intégrait la pratique de l'improvisation.

«J'ai toujours fait les deux de front, ça me permet de vivre un bel équilibre. En fait, je suis intéressée par plein de styles différents, j'écoute un peu de tout...» 

«J'aime la chanson en général, pas forcément française... Je ne mets pas d'étiquettes sur ce que j'aime... c'est de la musique, tout simplement!»

En tant que jazzwoman, elle se produira cet été au festival de jazz de Marciac où elle assurera la première partie de Wynton Marsalis. «Je suis ravie!», s'exclame-t-elle. Jazzmen chevronnés, le guitariste Hugo Lippi, le bassiste Thomas Bramerie et le pianiste Alain Jean-Marie l'accompagneront alors.

Sur The Voice of the Trumpet, son premier album paru l'an dernier chez Warner Classics, on observe en outre qu'Harold Arlen, Richard Rodgers et George Gershwin, tous associés au jazz, figurent parmi les compositeurs au programme, comme Offenbach ou Handel.

Élargir le répertoire de la trompette

Côté classique, la trompettiste ne se limite pas aux oeuvres baroques ou à celles de la période classique: «J'aime beaucoup les transcriptions d'oeuvres pour la voix ou le violon. J'ai toujours fait ça, d'abord en jouant par-dessus les disques que j'écoutais! Ainsi, j'essaie d'élargir ce répertoire classique quand même assez restreint pour la trompette.

«Les musiques modernes ou contemporaines, rappelle-t-elle néanmoins, prévoient beaucoup plus d'oeuvres pour la trompette. En ce sens, mon intérêt sur la musique contemporaine va en grandissant, mais on me demande encore très souvent de jouer des oeuvres classiques ou baroques.»

N'exigez surtout pas qu'elle intellectualise sa personnalité musicale... Voici ce qu'elle vous répliquera en toute politesse:

«Ma façon de faire, c'est d'abord que je vis d'abord sur scène ou en studio. Chaque fois, en fait, mon approche est différente, elle dépend des musiciens avec qui je joue, et de la direction du chef. Ça se passe assez naturellement et... je ne sais pas trop comment mettre des mots là-dessus.»

Ne vous en faites pas, Lucienne Renaudin Vary, on s'en occupe!

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Au Palais Montcalm, jeudi, à 20 h; à la Maison symphonique, vendredi, à 19 h 30.