Le chanteur sera à la Cinquième Salle de la Place des Arts les 8 et 9 mai pour présenter sa Causerie musicale, un rendez-vous où il promet d'offrir à son public quelques anecdotes derrière ses chansons, ses secrets de compositeur et ses réflexions autour de la musique. De passage à Montréal il y a quelques semaines, il s'est entretenu avec La Presse.

Suite logique des classes de maître que Michel Fugain a données à de jeunes auteurs-compositeurs au cours des deux dernières années, la Causerie musicale est née de la volonté du chanteur de 75 ans de transmettre son oeuvre et de l'amener plus loin aux côtés de son public.

«La causerie permet d'en dire plus sur l'environnement de création, d'où viennent les idées. J'explique toujours que je commence par créer la mélodie qui est, en fait, un véritable poème de musicien. J'aborde aussi la magie qui opère quand des auteurs y ajoutent leurs textes. Ils sont parfois en contraste [avec la mélodie], et c'est un art», explique Michel Fugain qui a choisi de mettre en lumière sur scène quatre des fidèles auteurs qui ont marqué sa carrière.

«Pierre Delanoë, Maurice Vidalin, Claude Lemesle et Brice Homs: c'est eux qui m'ont fait le plus de chansons, plus que je n'en ai fait pour moi-même!»

Pierre Delanoë est l'auteur des plus grands succès de Fugain. «Une machine à tubes! Le Big Bazar est pratiquement sa chasse gardée», précise le chanteur.

Auteur de La bête immonde, Claude Lemesle reste un des collaborateurs qui ont le plus surpris Michel Fugain. «Il m'a écrit des trucs incroyables. J'avais une petite mélodie improbable et il s'en est fait un cache-col en un après-midi, ce qui a donné Dis oui au maître», lance-t-il tout en fredonnant.

«Tout ça implique une complicité avec ces quatre mecs, dont j'ai la nostalgie. Pourquoi des auteurs font-ils des chansons? En sachant qui les chantent. Claude Lemesle et Brice Homs travaillent toujours avec moi», ajoute l'interprète et compositeur.

Le Québec de Fugain

Au cours de sa Causerie musicale, Michel Fugain interprétera bien sûr des titres qui ont marqué ses 50 ans de carrière comme La bête immonde, un incontournable de tous ses spectacles, ou encore Viva la vida. «Cet hymne à la vie est toujours la dernière chanson que je fais sur scène. C'est le message que je veux qu'il reste à la fin de mon spectacle. J'ai toujours vu le verre à moitié plein!»

Épris du Québec depuis ses débuts, Michel Fugain désire aussi raconter ses souvenirs et exprimer ses réflexions sur «son» Québec.

«Je me souviens particulièrement d'une visite dans les années 70, du bill 22 [la Loi sur la langue officielle] et de ces grandes affiches: "On est six millions, faut se parler." Putain que c'était fort, ça! Je l'ai pris en plein dans mon coeur et ça m'a fait encore plus aimer les Québécois. J'en rêvais pour la France. On est dans une société où on nous sépare. Facebook est l'autoglorification du lambda. On n'a plus l'idée de nation», note le compositeur, amoureux de la langue française et du québécois.

«J'ai envie de partager une anecdote qui s'est déroulée à mon passage à Petite-Vallée. Je me souviens d'un soir où une petite fille m'a dit: "Je n'aimerais pas parler une langue comme ça", en parlant du français que je parlais! Elle parle québécois et c'est elle qui est dans le vrai.»

Le chanteur prévoit déjà revenir en tournée partout dans la province dès janvier 2019. D'ici là, il continue de créer de nouvelles chansons et désire se concentrer sur Pluribus, sa troupe de musiciens-comédiens.

«Je vis dans l'obsession de disparaître dans Pluribus. On sera six voix à la rentrée. J'aimerais arriver à en faire un groupe en soi. Trois d'entre eux sont derrière moi dans la causerie. Je fais aussi ça pour eux, pour qu'on ait de bonnes productions, qu'on puisse garder une équipe. Ça garde vivant!», lance Michel Fugain.

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À la Cinquième Salle de la Place des Arts du 7 au 9 mai. Le spectacle sera de retour pour une tournée dans tout le Québec en janvier 2019.