First Aid Kit se produisait au MTELUS à guichets fermés, hier soir. Nous avons rencontré avant leur spectacle les soeurs Johanna et Klara Söderberg, qui viennent de sortir un quatrième album, Ruins. Du mouvement #metoo à un spectacle en hommage à Leonard Cohen que le duo voudrait présenter à Montréal, discussion découpée en plusieurs thèmes.

La tournée: une passion dévorante

Johanna et Klara Söderberg sont arrivées à Montréal hier matin, à bord d'un grand autocar qui avait quitté Toronto la veille et dans lequel elles ont passé la nuit.

Depuis ses débuts en 2007, First Aid Kit a multiplié les tournées. En 2015, c'en était assez. Surtout pour Klara, qui était épuisée et déprimée.

De retour à Manchester, où elle vivait avec son fiancé, elle a connu une rupture, puis est retournée vivre à Stockholm, en Suède.

Avec la sortie de leur quatrième album Ruins, voilà les soeurs Söderberg de retour sur la route. «Honnêtement, nous sommes épuisées, lance Johanna. Les gens ne comprennent pas à quel point c'est demandant de voyager et de donner des spectacles. Mais cette fois-ci, nous prévoyons plus de congés.»

Avec la chute des ventes d'albums, est-ce qu'il y a une pression de faire un maximum de spectacles? «Oui, c'est attendu, répond Klara. Mais en même temps, ce sont les spectacles que l'on préfère. Nous adorons être sur scène. C'est ce qui est autour qui est difficile.»

Renaître de ses cendres

Pour Ruins, les soeurs Söderberg ont travaillé à Portland avec le réalisateur Tucker Martine (Neko Case, My Morning Jacket).

«Nous ne voulions pas nous limiter au folk, indique Johanna. Nous voulions plusieurs couches de guitares, des cuivres, des claviers... Ce qu'on aurait rejeté à nos débuts.»

«Nous étions plus ouvertes. Mais cela reste nos voix et nos chansons qui sont notre signature sonore», explique Klara Söderberg.

Il suffit d'entendre une fois les harmonies vocales de First Aid Kit pour être ébloui. La symbiose de leurs voix atteint un sommet de beauté sur la pièce-titre de Ruins, qui décrit avec le recul du temps qui passe le sentiment d'impuissance qui habite quelqu'un dans un moment difficile.

«C'est l'une des chansons les plus directes de l'album, souligne Klara. C'est triste, mais rempli d'acceptation.»

À l'origine, c'est pour le pouvoir réparateur de la musique que les soeurs Söderberg ont baptisé leur groupe First Aid Kit («trousse de premiers soins»).

«Nous écrivons pour nous faire du bien, mais les chansons finissent par avoir d'autres vies pour d'autres personnes. Nous ignorons ce qu'elles vivent, mais ces personnes nous disent à quel point elles sont touchées. C'est la beauté de la musique. Sa façon de nous connecter avec les gens.»

La chanson It's a Shame illustre à quel point on peut se sentir esseulé dans des villes mondaines et ensoleillées comme Los Angeles.

Si on se plaît à dire qu'elles sont les plus country des soeurs suédoises, les Söderberg sont très attachées à leur pays d'origine. «Je suis attachée aux saisons et à la Suède», dit Johanna.

Les soeurs McGarrigle et Leonard Cohen

Tout juste avant notre rencontre, Johanna et Klara Söderberg ont pris le temps d'aller voir l'exposition consacrée à Leonard Cohen au Musée d'art contemporain. «Nous y serions restées toute la journée», lancent-elles.

Les deux soeurs ont par ailleurs monté un grand spectacle hommage à Leonard Cohen présenté deux soirs à Stockholm en mars 2017. «Nous étions atterrées à sa mort. Nous voulions lui dire au revoir. C'était un spectacle d'envergure présenté avec des acteurs et d'autres musiciens au Théâtre royal de Stockholm.»

Avis aux intéressés  «Nous aimerions beaucoup le présenter à Montréal», indique Johanna.

Les deux soeurs apprécient Cohen, mais aussi les soeurs McGarrigle, dont elles ont déjà repris à la télévision suédoise Complainte pour Sainte-Catherine. «Notre père les adorait», raconte Klara. «Leurs harmonies sont si magnifiques», ajoute Johanna.

Spotify

Dans son pays d'origine, la Suède, le service d'écoute en ligne Spotify est établi depuis des années. Est-ce bien vu? «Son système de redevances est critiqué, mais c'est accepté, souligne Johanna. Cela fait tellement d'années que c'est la façon d'écouter de la musique.»

«Ce serait hypocrite de notre part de le critiquer, ajoute Klara. C'est comme cela que je consomme de la musique. C'est comme cela que nous avons découvert la musique country. Et nous existons à cause de YouTube et de l'internet.»

C'est en effet avec une reprise de la chanson Tiger Mountain Peasant Song de Fleet Foxes mise sur YouTube que le succès international a commencé pour First Aid Kit.

«Mais j'aimerais pouvoir passer plus de temps à faire des albums, dit Johanna. En même temps, les réseaux sociaux ont créé des liens très forts avec notre public.»

#metoo

L'an dernier, pour la Journée internationale de la femme, First Aid Kit a sorti une chanson rock hargneuse intitulée You Are The Problem Here.

Avec le mouvement #metoo, les paroles - sur le droit de refuser des avances - ne pourraient être plus d'actualité. En Amérique du Nord, mais aussi en Suède, où le mouvement #metoo frappe fort.

«C'était déjà dans l'air, mais c'était le temps qu'on en parle!» s'exclame Klara.