On le sait, la tête de Pierre Lapointe est remplie de toutes sortes de références. Sur La science du coeur, son nouveau disque, elles fusent de partout. Voici six de ses inspirations commentées par lui-même.

Pascal Blanchet

« En 2010, j'avais participé à un projet qui réunissait des chanteurs à des bédéistes. J'avais été jumelé avec Pascal Blanchet, qui avait illustré Deux par deux rassemblés, et on ne s'est jamais lâchés depuis. Je lui avais confié la pochette de Paris Tristesse, mais ici, on est passés à un autre niveau. Il a construit un décor en 3D pour la pochette de La science du coeur et a fait tout le graphisme de l'album. Il s'est aussi occupé du visuel du clip de la chanson Sais-tu vraiment qui tu es. »

Steve Reich

« Le compositeur Steve Reich est partout dans ce disque, Philipp Glass aussi, d'ailleurs. Le minimalisme, la répétition, la pulsation constante, cette forme d'hallucination... À force d'écouter des sons qui se répètent, ça fait comme du pop art, on voit des points partout et on finit par voir ce qui se dégage. C'était très d'avant-garde il y a 50 ans, ça a été intégré dans la pub, le cinéma... et là, dans la pop québécoise ! »

Naoshima

« Naoshima est une île perdue du Japon. Le maître de l'architecture Tadao Ando y a vécu, il y a dessiné entre autres un musée sous la terre. J'y ai vécu là-bas des moments assez forts pour commencer à créer une bulle d'écriture autour de l'album. Pendant la création du disque, David François Moreau [le réalisateur de l'album] m'a envoyé une musique, je l'ai trouvée magnifique, mais je ne savais pas quel texte mettre dessus. J'ai eu l'idée d'un texte genre haïku, pour évoquer le plus d'images possible avec le moins de mots possible, dans un clin d'oeil au Japon. Ça a donné cette chanson, Naoshima. »

Amanda Lear

« Amanda Lear était une reine du disco, muse et maîtresse de Dali, amante des grandes stars britanniques. Elle avait sorti la chanson Alphabet pendant les années 70, chaque lettre étant prétexte à dire n'importe quoi. Je suis parti de ça pour faire ma propre chanson disco, qui s'appelle aussi Alphabet. On retrouve dessus toutes les inspirations qui ont servi pour cet album, de Vivan Westwood et David Cronenberg en passant par le spiritisme des années 1900. La science du coeur et Alphabet ont été les deux premières chansons écrites pour ce disque, et Alphabet a été une bougie d'allumage assez grandiose. Ça a donné une espèce de champ lexical pour la suite. »

Walter Van Beirendonck

« C'est le directeur de l'école d'Anvers, une des écoles les plus importantes des créateurs de mode. C'est un gars qui a réussi à incorporer dans sa démarche le bagage de la scène techno européenne des années 90. Il fait des pièces qui sont du prêt-à-porter, mais c'est plus de l'artisanat. Je l'ai porté souvent et ça reste une source d'inspiration très grande. »

Daniel Bélanger

« Nous avons fait la chanson Une lettre ensemble. Je lui ai envoyé le texte, il m'a soumis cette musique. J'étais sur le tournage de La voix quand je l'ai reçue, je l'ai écoutée dans mes écouteurs et je me suis mis à pleurer. Je l'ai placée à la fin du disque, c'est une petite douceur pour s'assurer que les gens partent sur un sentiment de plénitude. Les insomniaques s'amusent, c'est le premier disque que j'ai appris par coeur, alors écrire une chanson avec Daniel Bélanger, c'est une belle grande fierté. C'est une façon de le remercier et de satisfaire le fan fini en moi. Il y a donc un peu de son intelligence et de son talent sur mon disque. »