Après deux albums avec le label mythique de sa ville, Sub Pop, le groupe originaire de Seattle The Head and The Heart a lancé Sign of Lights avec le major Warner en septembre dernier. Depuis, le sextette est porté par un beau succès, mais ne tourne pas avec son chanteur et leader Josiah Johnson, en cure de désintoxication. Entrevue avec la violoniste Charity Rose Thielen, qui adore Montréal.

Quand elle répond au téléphone, Charity Rose est à la maison, à Seattle. «Je viens de faire des courses pour préparer le grand repas familial.»

Maintenant installés un peu partout sur le territoire américain, les membres de The Head and The Heart profitent du congé de l'Action de grâce américaine avant de repartir sur la route avec un premier arrêt à Montréal, ce soir, au Métropolis.

Le groupe folk-pop - à découvrir si vous aimez The Lumineers et Of Monsters and Men - a fait le saut dans les ligues majeures avec son album Sign of Lights, sorti en septembre dernier. Notamment parce que The Head and The Heart a quitté le mythique label jadis grunge de sa ville natale Sub Pop (Nirvana, Fleet Foxes, Wolf Parade) pour rejoindre les rangs de Warner.

«Quitter Sub Pop était une évolution naturelle pour nous, comme ce l'est pour beaucoup de groupes, souligne Charity. Sub Pop est un label qui a beaucoup de goût. Il nous a permis de nous définir et de ne pas être intimidés au sein d'un major.»

Pour The Head and The Heart, son plus grand rayonnement n'est pas fortuit, mais constitue le résultat d'une formation musicale qui récolte les fruits de son dur labeur. 

«Tu sais, 50 % du succès d'un groupe est la disponibilité de ses membres et le fait que tous soient sur la même longueur d'onde en matière d'efforts et de sacrifices. De vouloir répéter tous les jours, de 9 à 5.»

Les groupes qui élargissent leur public le font souvent grâce à la machine d'un major, mais aussi après avoir engagé un réalisateur capable d'ajouter du relief subtilement pop à leurs compositions. «Ce sont deux évolutions organiques qui se font bien quand le groupe sait ce qu'il veut et ce qu'il est après des années d'expérience, souligne Charity. Un bon réalisateur devient un membre supplémentaire du groupe. Nous avions du respect pour Jay Joyce et nous savions qu'il s'intégrerait bien à notre dynamique. Jay vient de Nashville, la mecque du country, mais il a une touche rock'n'roll unique.»

Jay Joyce a autant façonné le son country d'Eric Church que celui du groupe rock Cage The Elephant. Reste que pour The Head and The Heart, avoir une influence dominante de plus en studio comportait son lot de défis. «Tous les membres du groupe ont des opinions fortes. Nous ne sommes pas des musiciens à forfait, mais des musiciens créatifs. C'était un défi pour Jay aussi. Mais au bout du compte, des liens étroits se sont créés.»

Charity cite la chanson du nouvel album Turn it Around, qui a pris une tournure finale inattendue. Une autre pièce, Colors, est fortement imprégnée du premier séjour de création qui a réuni les membres de The Head and The Heart, après une longue pause, dans un bled californien au nord de San Francisco. «Chaque membre y a fortement contribué. C'est la chanson qui nous a fait dire avec soulagement et assurance: ça y est, nous sommes de retour.»

Pour Rhythm & Blues, Charity cite l'apport significatif de Jon. «Personnellement, j'adore interpréter cette chanson en spectacle», souligne la violoniste.

Quant à All We Ever Knew, où elle chante beaucoup, Charity considère qu'elle fait le pont entre les deuxième et troisième albums. «Elle montre d'où l'on vient et où on s'en va.»

Et c'est une pièce que The Head and The Heart a écrite pour sa participation à la série télévisée Roadies, du cinéaste et mélomane Cameron Crowe (Singles, Almost Famous).

«J'adore Montréal»

Charity Rose nous interroge sur Matt Holubowski, qui assure la première partie de son groupe au Métropolis et à Toronto demain.

La jeune femme nourrit une forte fibre francophile... et montréalaise. «J'adore Montréal. Peut-être qu'un jour, je vais y déménager...», lance-t-elle.

Par ailleurs, c'est à son retour aux États-Unis, après un an d'études en sciences politiques à Paris, que The Head and The Heart est né. «Je jouais de la musique de mon côté et une de mes amies jouait avec des membres du groupe. Elle m'a invitée à la soirée open mic où tout a commencé.»

C'est lors de cette fameuse soirée qu'elle a fait la rencontre de Jonathan Russell, Chris Zasche, Kenny Hensley, Tyler Williams et du chanteur Josiah Johnson. Or, ce dernier prend du repos et n'est pas en tournée avec ses acolytes, car il soigne une dépendance à la drogue.

«Il va bien et il nous manque, mais c'est un jour à la fois», conclut Charity avec empathie.

Parfois, le coeur a ses raisons et la tête n'y peut rien.

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The Head and The Heart se produit ce soir au Métropolis, après Matt Holubowski en première partie.