Assise au Café Cherrier, Stéphanie St-Jean accueille avec le sourire les journalistes venus la questionner sur sa victoire de la veille en finale de La voix. Stéphanie maîtrise la situation et semble savourer pleinement son moment de gloire aux côtés de Pierre Lapointe, à qui elle a procuré sa première victoire en tant que coach.

L'aventure de La voix n'aura pas été un long fleuve tranquille pour la Gatinoise de 25 ans, qui avait tenté sa chance à deux reprises lors des préauditions du concours musical au cours des dernières années. Sa troisième tentative a été la bonne.

«J'ai essayé deux fois Star Académie et trois fois La voix! J'ai toujours essayé de plaire dans mon choix de chansons.»

«Cette année, je me suis juste dit que j'allais faire quelque chose pour moi, et je crois que ç'a bien fonctionné!», ajoute la chanteuse, qui a séduit les quatre coachs de La voix avec son interprétation de la chanson I Am Changing de Jennifer Holliday lors des auditions à l'aveugle.

Un vol salutaire

Si Stéphanie a tout naturellement choisi de se joindre à l'équipe d'Éric Lapointe, elle se réjouit aujourd'hui d'avoir été volée par Pierre Lapointe au terme de son duel contre Thomas Argouin.

«Éric était une zone de confort incroyable. Mais Pierre était un défi. J'ai pu commencer à varier mon style, sortir du blues, du soul, du Etta James, Aretha Franklin, Big Mama Thornton, etc. Pierre m'a emmenée dans plusieurs univers, tout en restant dans les chansons à voix», indique Stéphanie St-Jean.

La chanteuse a grandi dans un univers musical riche et diversifié. «Mes parents sont séparés depuis que j'ai 5 ans. Du côté de ma mère, chez les St-Cyr, on arrivait bien habillés et on écoutait du jazz à la chandelle en mangeant des bouchées. Chez les St-Jean, c'était plutôt jeans, chemise de chasse et folklore!», se rappelle la jeune femme, qui a enchaîné les concours musicaux et commencé à chanter dans des groupes à l'âge de 17 ans.

C'est durant cette période de sa vie qu'elle a dû composer avec un trouble de la personnalité limite (TPL). Une facette de son passé qu'elle n'a pas hésité à dévoiler en direct devant près de 3 millions de téléspectateurs.

«Ça m'inquiétait de devoir parler de ça publiquement. Mais depuis, les gens m'écrivent pour me dire que je suis inspirante, que je leur redonne espoir. Au final, c'est le plus beau résultat que j'aurais pu obtenir.»

«J'ai travaillé énormément sur moi au cours des dernières années. Je suis allée chercher de l'aide pour contrôler toutes mes émotions», ajoute-t-elle.

Taper dans le mille

Son histoire a su toucher le public, qui a visiblement apprécié le naturel et l'authenticité de son interprétation de la chanson Ma chambre, écrite pour elle par Pierre Lapointe.

«En découvrant la chanson, Stéphanie a hyperventilé et on a dû arrêter le tournage, indique Pierre Lapointe. Elle m'a confié que ça lui "parlait" beaucoup, qu'elle était passée par là il n'y a pas très longtemps. Elle a l'air si solide, je croyais que ça faisait 10 ans; je n'avais pas réalisé que c'était arrivé en mai dernier. Si je l'avais su, je me serais peut-être autocensuré. [...] Le hasard fait bien les choses et mon ignorance de sa vie personnelle a peut-être joué en sa faveur dans son parcours.»

«Quand Pierre m'a demandé de quoi j'avais envie, je lui ai répondu que je voulais une chanson joyeuse, parce que je suis rendue là dans ma vie. Le problème, c'est que Pierre est le king de la chanson dépressive! J'étais d'accord pour qu'il utilise mon passé pour écrire ma chanson, car je voulais aller dans l'émotion pour rejoindre les gens. Tout ce que je voulais, c'était un minimum d'espoir dans les paroles! Je crois qu'il a visé dans le mille», conclut Stéphanie St-Jean.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE