Il n'est pas si tôt le matin quand Jesse Mac Cormack arrive dans un café du quartier Rosemont. On dirait qu'il a passé la nuit sur la corde à linge.

L'auteur-compositeur-interprète fait partie de ces artistes-nés qui incarnent l'intégrité sans jamais avoir à le dire. Jesse Mac Cormack fait de la musique, ne peut pas faire autrement. C'est un mode de vie et non une ambition.

En prenant place devant nous, il ne connaît pas le but de notre entrevue.

« Faire ton portrait. »

« Allo », nous répond-il.

Le nom de Jesse Mac Cormack a beaucoup circulé au cours des derniers mois. L'artiste a signé un contrat avec Secret City Records, le label de Patrick Watson et The Barr Brothers. Il a réalisé les albums de Rosie Valland et d'Emilie & Ogden, sortis l'automne dernier, ainsi que celui de Betty Bonifassi, attendu au début de l'année prochaine.

Le clip de sa chanson Too Far Into, tirée de son deuxième EP Crush, a été présenté en primeur sur le site des Inrocks. Jesse Mac Cormack suscite déjà l'intérêt en Europe. Dans les premières semaines de décembre, il s'y est produit en première partie de Sophie Hunger et de la grande Lou Doillon.

Ici, il a réchauffé la salle pour Folly & The Hunter, en plus d'avoir eu droit à un spectacle-vitrine réservé aux membres de l'industrie pendant M pour Montréal.

Enfin, en février prochain, Jesse Mac Cormack se produira en plateau double avec Elliot Maginot pendant le festival Montréal en lumière.

Pour lui et pour d'autres

Jesse Mac Cormack a étudié en musique au cégep Marie-Victorin, mais « [il n'était] pas scolaire », dit-il. À la même époque, il a eu un groupe qu'il préfère oublier et a accompagné Mélanie Boulay des Soeurs Boulay.

Au plus récent Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue, Jesse Mac Cormack était partout. Il a accompagné de nombreux artistes, en plus de faire un spectacle solo qui a ravi les spectateurs.

Réaliser des disques, accompagner d'autres artistes : c'est essentiellement le fait du hasard, indique le musicien. « J'aime ça, mais c'est un peu un piège. Je me retrouve à faire cela pour gagner ma vie, mais pendant des mois, je ne compose pas. »

« Cela me donne plus d'outils dans mon sac, mais ma vraie réponse à ta question serait trop personnelle... »

En mars prochain, Jesse Mac Cormack sortira son troisième EP solo, enregistré avec son groupe l'été dernier. « C'est plus arrangé, j'ai même une toune dance... », s'enthousiasme-t-il.

« Je suis content, mais on dirait que je voudrais toujours couvrir d'autres champs. Et je me dis parfois que j'aimerais revenir au format épuré de mon premier EP. »

L'auteur-compositeur-interprète ne peut pas écrire pour écrire. « Il faut vivre des affaires », dit-il.

Son contrat avec Secret City Records ? « Je suis très content », lance-t-il avec un sourire sincère.

Son spectacle ? « Prêt. Nous avons quelque chose de bon. »

La scène ? « J'aime ça et je n'en fais pas assez. Pour moi, c'est une excuse pour jouer de la musique. Sinon, je n'en joue pas vraiment... »

Jim Morrison

Jesse Mac Cormack avait 14 ans quand son père lui a offert une guitare. « À cette époque-là, je jouais pas mal plus ! », lance-t-il.

Il n'a jamais lu, mais grâce à Jim Morrison et aux substances illicites, il s'est initié aux mots et à la création. « C'est venu plus tard en découvrant les Doors. J'ai eu une phase "poète pouet pouet". Au départ, je parlais plus que je chantais, mais cela a fini par sortir après quelques années. »

Aujourd'hui, Jesse Mac Cormack éprouve beaucoup de plaisir à chanter et à être sur scène, notamment comme accompagnateur. « Mais j'ai un gros ego, donc il faut que cela fitte et que tu me veuilles dans ton band. »

Travailler pour un projet qui ne l'allume pas ? « Il ne faut pas. Je l'ai déjà fait et non... »

No bullshit, ce Jesse Mac Cormack. Et c'est très bien comme ça.