C'est une légende du disco et de la musique électronique. En 45 ans de carrière, il a produit une quantité étonnante de succès internationaux, de Donna Summer (I Feel Love) à Blondie (Call Me), en passant par la mémorable bande-son du film Midnight Express. On le croyait à la retraite, mais on avait tout faux. À 75 ans, Giorgio Moroder vient de lancer un nouvel album (Déjà vu), auquel participent notamment Kylie Minogue et Sia, et il sera de passage à Montréal ce soir pour un «set» de DJ à l'église Saint-Jean-Baptiste.

Invité prestigieux du festival Pop Montréal, le mythique producteur italien s'est soumis de bonne grâce à notre petit jeu-questionnaire: entre deux mots, lequel choisissez-vous?

2015 ou 1975?

C'est vrai que 1975 a été une bonne année pour moi. C'est l'année où j'ai découvert Donna Summer, avant qu'on enregistre la chanson Love To Love You Baby. J'étais à Munich, c'était le début de ma carrière. Mais je choisis 2015 parce que j'aime mieux regarder vers l'avenir que vers le passé.

Disco ou électro?

J'aime les deux, mais je vais dire l'électro, parce que c'est la musique d'aujourd'hui. Je ne peux pas imaginer que l'électro va disparaître de sitôt. C'est accepté par tous. Le disco est revenu à la mode. Certains instruments sont parfaits, comme les guitares, mais le vieux style avec les cordes, le Fender Rhodes, c'est un peu dépassé. Même si Daft Punk a fait un bon boulot pour réinventer le genre, ça sonne vieux jeu pour moi.

Rythme ou mélodie?

Mélodie. Quand le groove est bon, c'est bien. Mais on a toujours besoin d'une mélodie. Une bonne mélodie est ce qui peut imposer une chanson pour l'éternité. Prenez Love To Love You Baby. La ligne de basse était super, mais la mélodie chantée par Donna Summer était la meilleure partie. Dans ce cas précis, on a d'abord trouvé la musique. Mais habituellement, je trouve toujours la mélodie d'abord.»

Donna Summer ou Kylie Minogue?

(Silence. Hésitation.) Ce sont deux charmantes filles. Donna avait un style différent. Plus R&B. Kylie est une grande «performeuse». J'ai récemment fait cinq concerts en Australie avec elle. Elle est très bonne. Alors je dirais 50/50.

Table tournante ou table de mixage?

Table de mixage. Sans aucun doute. C'est le meilleur moment de la production d'un disque. Il y a tellement de choses que tu peux faire à l'étape du mixage. I Feel Love, la ligne de basse originale était «dam dam dam dam dam». Quand on l'a mixée, j'ai ajouté du delay et, soudainement, c'est devenu«daga daga daga daga», ce qui a transformé toute la chanson. C'est vrai que je fais plus souvent le DJ ces jours-ci. Par contre, je ne fais pas jouer de vinyles. J'ai un programme qui me donne beaucoup de possibilités. Toutes mes chansons sont prêtes; je peux changer le son, ajouter du rythme, des effets, faire ce que je veux. J'adore ça.

Europe ou Amérique?

Pour le moment, Amérique. Je vis à Los Angeles depuis 40 ans. Quand j'ai eu le premier tube avec Donna Summer, elle voulait revenir à L.A., alors je suis allé avec elle... J'adore cette ville. C'est peut-être la meilleure ville au monde pour travailler. Il y a les films, le divertissement, la télé, les producteurs de musique, les musiciens...

Sexe, drogue ou rock'n'roll?

Sexe d'abord. Drogue en dernier. Rock'n'roll au milieu.

Barbe ou moustache?

La moustache, absolument. J'ai eu la barbe pendant quelques années. Ça va, mais ça couvre trop le visage. Non, une belle moustache. Pas aussi grosse que celle que j'avais il y a 40 ans, mais une plus petite comme celle que j'ai maintenant. C'est vrai que c'est devenu un de mes signes distinctifs!

Argent ou gloire?

Je dirais l'argent, parce qu'avec la gloire, tu ne peux pas voler en première classe! Avec l'argent, tout est plus facile. Si la gloire vient avec, c'est idéal. Mais ça ne me dérange pas si quelqu'un d'autre a la gloire et que moi, j'ai l'argent!

Giogio ou Moroder?

Giorgio. Au début de ma carrière, on me connaissait surtout sous ce nom. Puis les gens ont commencé à ajouter le Moroder. C'était mon vrai nom, alors je me suis dit, pourquoi pas?

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À l'église Saint-Jean-Baptiste le 18 septembre à 21h30.