Entre deux courts métrages et scénarios de films, Daniel Isaiah lançait hier son second album, Come Into Gone, dont le premier clip met en vedette Marie Brassard et Louis Negin. Entrevue avec un intellectuel anglophone du Mile End. Un vrai.

Ses grands-parents juifs vivaient dans le Mile End avant lui. Daniel Isaiah a commencé à jouer de la musique très jeune, un art qu'il partage aujourd'hui avec la réalisation et le cinéma. Il a également étudié en communication et en sciences humaines à l'Université Concordia.

En 2011, il a lancé un premier album, Twilight, avec Secret City Records, l'étiquette montréalaise de Patrick Watson et des Barr Brothers. Pour son second chapitre musical, Daniel Isaiah désirait enregistrer des pièces pouvant facilement se reproduire sur scène. «Des chansons sans trop d'overdub que l'on peut jouer pleinement à cinq. Il y avait des chansons de Twilight que nous ne pouvions pas faire en concert.»

En compagnie de ses musiciens - Chris Flower à la guitare, Matthew Woodley (Plants and Animals) à la batterie et Sea Oleena aux harmonies vocales - et de son coréalisateur Martin Horn, Iasiah a enregistré Come Into Gone au studio The Pines, exploité à Griffintown par David Bryant, membre de Godspeed You! Black Emperor.

Martin Horn et lui se connaissent depuis l'enfance et ils ont toujours voulu travailler ensemble. «Je souhaitais quelque chose de plus punché, indique Daniel Isaiah. Martin aime beaucoup la pop.»

Après une première séance d'enregistrement jugée trop folk-rock à l'image du premier album, Horn et Isaiah ont rectifié le tir six mois plus tard. Résultat: des pièces acoustiques comme Information Blues et Heart Attack (qui rappelle Tom Petty) se faufilent entre des tempos pop-rock plus entraînants, notamment sur Mirror Soul et le très réussi premier extrait, Heaven Is On Fire, un titre qui a failli être écarté de l'album. «Un de mes meilleurs amis musiciens m'a dit que cela ne collait pas au reste. Mais je l'aimais! J'ai hâte de la jouer en concert.»

Voyages et racines

À notre arrivée au Café Falco, Daniel Isaiah lisait un reportage dans le magazine Harper's sur les désastres causés par la catastrophe nucléaire de Fukushima, au Japon. «On n'en parle pas assez», a-t-il dit, indigné. Ajoutant: «Je lis beaucoup.»

Selon son étiquette de disques, Daniel Isaiah fait du rock intellectuel et introspectif. Ses chansons font beaucoup référence à ses voyages et à ses racines. Dans Tug of War, l'auteur-compositeur parle de la terre promise d'Israël, de la guerre et de l'éducation juive. «Les idées métaphysiques de ce qui est vrai et faux», indique-t-il.

Le Montréalais passe beaucoup de temps à l'étranger, mais également derrière une caméra, sous le nom de réalisateur Daniel Schachter. Son court métrage Entre chien et loup, mettant en vedette Monia Chokri, a fait le tour de la planète et suscité beaucoup d'enthousiasme dans les festivals de Palm Springs et du Rhode Island.

Isaiah a peaufiné trois scénarios de long métrage, dont celui du drame choral Passover, en préproduction avec la boîte Péripheria. «Une réunion de famille avec 29 acteurs, mais je ne peux pas trop en parler. J'espère tourner l'hiver prochain.»

Le musicien et cinéaste s'impatiente par ailleurs à l'idée de voir le documentaire sur Kurt Cobain, Cobain: Montage of Heck.

Selon lui, le travail avec des acteurs est similaire à la collaboration avec des musiciens. «Tu partages une idée avec eux, tu leur fais confiance et tu les laisses s'exprimer.»

Fait étonnant, Daniel Isaiah ne réalise pas le clip de Heaven Is On Fire, qui met en vedette Marie Brassard et Louis Negin. Il a préféré déléguer cette tâche à Becca Blackwood. L'artiste sait très bien ce qu'il veut. «Je n'ai aucun intérêt à réaliser des clips.»

Il s'enthousiasme davantage pour le spectacle-lancement de Come Into Gone, qu'il donnera le 7 avril à la Casa Del Popolo. «À trois guitaristes, il y aura beaucoup de guitares. J'ai hâte.»

_____________________________________________________________________________

INDIE-POP-ROCK. Daniel Isaiah. Secret City Records.