Il est le petit frère de Win et est membre d'Arcade Fire. Will Butler lancera mardi prochain son premier album solo, Policy. Entrevue.

Pour nous accorder une entrevue, Will Butler a dû interrompre son travail sous pression d'écrire une chanson en quelques heures à peine. Du lundi 23 au vendredi 27 février, il en a soumis une par jour au quotidien britannique The Guardian selon les événements qui faisaient les manchettes. Un bel exercice de style.

Le mercredi 25, sa troisième pièce en chantier - qui allait porter le titre You Must Be Kidding - s'inspirait «du manque dramatique d'eau à São Paulo, au Brésil». «Il y a une sécheresse semblable à celle de la Californie», indiquait Will Butler en entrevue.

En début de semaine, Butler avait brodé paroles et musiques autour de la crise économique en Grèce et du mouvement séparatiste ukrainien. Au total, ses chansons ont couvert une semaine d'actualités. «C'est une idée de ma relationniste britannique, souligne-t-il. C'est très difficile!»

Will Butler fait partie d'Arcade Fire, tout comme son grand frère Win, chanteur du mythique groupe de Montréal qui a remporté en 2011 le prix du meilleur album de l'année au gala des Grammy (pour TheSuburbs).

Will chante aussi et il lancera mardi avec Merge Records (le même label qu'Arcade Fire) un premier album solo intitulé Policy. Comme la plupart des musiciens, le jeune homme avait quelques compositions dans son baluchon.

À la suite de sa victoire aux Oscars avec Owen Pallett pour la bande originale du film de Spike Jonze Her, Will Butler a vu son nom circuler.

«Tout le groupe a participé au projet [Her]. Mais en voyant mon nom sur quelque chose, je me suis dit que je devais faire quelque chose qui est entièrement du Will Butler.»

Will Butler a pu créer en toute liberté, sans compromis. «En fait, j'ai pris conscience que j'aime les compromis en général. Mais c'était revigorant de prendre des décisions rapides et d'avancer rapidement d'une journée à l'autre. Il y a tellement de compromis au sein d'Arcade Fire! Nous faisons tout à six. C'est extraordinaire et cela fonctionne à merveille, mais c'est beaucoup de monde!»

Dans tous les sens

Aucun des huit titres de Policy ne permet de prétendre quoi que ce soit quant au reste de l'album. Une musique électro-disco minimaliste anime le premier extrait, Anna. La ballade piano/voix remuante Sing To Me succède à la fougue rock-garage de What I Want. Ajoutez à cela du rock des années 50 et des clins d'oeil à Neil Young et David Bowie, et vous avez un album éclectique.

Ce qui nous renvoie à des propos fort intéressants que Will Butler a tenus en entrevue avec Pitchfork. Comme les mélomanes de sa génération, le musicien écoute un large éventail de musique. «C'est le monde musical moderne. Les gens écoutent dans une même période Steve Reich, Ghostface Killah et de la musique de La Trinité des années 40», avait-il déclaré au webzine.

«À un moment donné, j'ai essayé de faire un album plus uniforme, mais cela ne marchait pas. Naturellement, je flirte avec plusieurs styles. J'écoute de la musique depuis tellement longtemps. C'est bien de pouvoir faire un mash-up.»

De New York à Montréal

Will Butler a enregistré Policy à New York, le printemps dernier, entre deux segments de la tournée d'Arcade Fire. Il s'est inspiré des esprits qui hantent le mythique studio de Greenwich Village, construit pour Jimi Hendrix et utilisé notamment par Led Zeppelin, Daft Punk et U2. C'est aussi là que David Bowie a rendu visite à Arcade Fire pendant l'enregistrement de la pièce-titre de Reflektor. «C'est un endroit hyper inspirant.»

«J'ai voulu travailler rapidement en studio. Pour chaque chanson, je savais ce que je voulais. Je ne voulais pas une réalisation surpensée. Je voulais que ce soit léger et vigoureux», dit Will Butler.

Ses trois musiciens et lui entameront une tournée à Boston le 6 mars, qu'il boucleront à Montréal, 22 jours plus tard, au Bar Le Ritz PDB. Une salle plus intime que le Madison Square Garden qu'Arcade Fire peut remplir, et Butler s'en réjouit. «C'est bien de jouer devant des gens dont on peut voir le visage et les réactions. Les gens connaîtront les chansons mais n'auront pas d'attente, alors je vais pouvoir les surprendre. J'ai fait quelques shows à New York et je me suis senti bien.» Humour et sérieux s'entrecroisent dans les textes de Will Butler. 

«Beaucoup de littérature que j'aime est passionnée et ironique. Parfois, c'est synonyme de sarcasme... mais on peut être distant et songé tout en disant quelque chose qui vient du coeur.»

Will Butler se produit au Bar Le Ritz PDB le 28 mars.

ROCK INDÉPENDANT

Will Butler

Policy

Merge Records

Sortie mardi