Mardi dernier, Ella Henderson a enfilé les entrevues à la vitesse de l'éclair au centre-ville de Montréal. On ne peut affirmer qu'elle se prêtait à l'exercice dans la bonne humeur, mais une chose est sûre: elle ne manque pas de caractère, ni d'expérience, ni de talent, ni d'ambition. Entrevue avec la chanteuse britannique à qui l'on doit le tube Ghost.

Il doit bien y avoir cinq personnes autour d'elle, en plus du représentant montréalais de Sony. Des gens qui veillent à son image, un assistant qui lui décrit le menu du restaurant et un autre qui contrôle le photographe de La Presse.

Pas dans la lumière, car elle a mal à la tête. Pas en position assise. Et après huit petits clics, il faut déjà se dépêcher de terminer la photo.

Dommage qu'il y ait toutes ces contraintes, car, sur papier et en musique, Ella Henderson a tout pour devenir la prochaine Adele. La jeune chanteuse blonde aux formes généreuses a une voix puissante. Et c'est avec une solide formation musicale que la Britannique de 19 ans a participé à l'émission The X Factor en 2012.

En entrevue, la jeune femme s'avère sympathique, mais sur le pilote automatique. Il faut dire que sa journée a commencé aux aurores, à 3h du matin, pour une prestation matinale à Salut, Bonjour! Et il y a le temps froid, qui rebute même les Montréalais.

Le tout pour le tout

Depuis le succès de son premier album, Chapter One, propulsé par le tube Ghost, une garde rapprochée ne quitte pas Ella Henderson. Mais cette dernière n'a pas besoin d'être maternée. Elle a du caractère, à l'image de plusieurs autres chanteuses britanniques, d'Amy Winehouse à Florence Welch en passant par Adele.

«Dans le village où j'ai grandi, Tetney, il n'y avait pas vraiment d'école de musique, alors j'ai fait des demandes d'admission qui m'ont menée à passer des auditions et à décrocher une bourse. À 11 ou 12 ans, j'ai donc quitté la maison pour me retrouver à Londres avec d'autres enfants comme moi, raconte-t-elle. Tout cela fait en sorte que je suis indépendante depuis que je suis très jeune. En arrivant à The X Factor, j'étais habituée d'être loin de la maison et dans ma bulle.»

Son grand-père, mort quand elle avait 8 ans, l'avait incitée à chanter et initiée à des artistes comme Billie Holliday, Ella Fitzgerald, Nat King Cole et les chanteurs du Rat Pack. «Et ma mère écoutait du Motown», ajoute-t-elle.

Jeune adolescente, Ella Henderson n'aurait jamais pensé participer à The X Factor. «L'année où j'ai auditionné, il y avait deux nouvelles possibilités: on pouvait interpréter sa propre chanson et jouer d'un instrument.»

Pour la chanteuse et pianiste de 16 ans, le fait de participer au célèbre concours télévisé britannique représentait un condensé de la «vraie vie», avec la possibilité de se démarquer, mais aussi d'être rejetée. «Et comme auteur-compositeur, c'est ce que tu veux: te sentir dans le vrai monde.»

L'effet X Factor

Ella Henderson a impressionné les juges avec une composition intitulée Missed. «Un médecin doit aller à la faculté de médecine. En musique, il n'y a pas un seul plan pour percer. L'image compte pour 90% et le reste tient au fait de saisir les occasions qui se présentent. Si tu es là pour les bonnes raisons, le chemin à prendre importe peu», fait-elle valoir.

L'auteure-compositrice-interprète a tiré de X Factor ce qu'elle désirait: de la visibilité et la chance de travailler avec des réalisateurs et paroliers de renom, dont Salaam Remi, Babyface ainsi que Ryan Tedder, avec qui elle a coécrit son tube Ghost. «Et j'ai gardé le contrôle», souligne-t-elle.

On doit à Ryan Tedder de nombreux tubes des Adele, Beyoncé, Ellie Goulding, One Direction et Gwen Stefani. Il a servi de mentor à Ella Henderson, qui cosigne les textes des chansons de Chapter One, lancé en octobre dernier. «C'est un privilège.»

Pour l'anecdote, Ghost est l'un des derniers titres à s'être retrouvés sur son premier album de pop féminine «intemporelle» aux accents soul. «Après deux ans de travail intense et d'écriture, je ne savais toujours pas quel allait être mon premier single. Cela me tourmentait et c'est justement la métaphore de Ghost: quelque chose qui t'habite et t'empêche de dormir.»

Ella Henderson s'attire des comparaisons avec Adele. Cela ajoute-t-il à la pression qu'elle ressent? C'est plutôt «le plus beau compliment au monde, même si je pense que nous sommes très différentes», dit la chanteuse. «C'est comme cela qu'il faut le prendre.»

De la fausse modestie, très peu pour Ella Henderson. «Je veux être vraie et honnête.»

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