La tradition des concerts de Noël que vont perpétuer Rufus et Martha à la Maison symphonique le 21 décembre remonte aux fêtes de famille dans la maison de leurs grands-parents à Saint-Sauveur. Mais depuis la mort de leur mère Kate McGarrigle, ces concerts ont pris une nouvelle dimension.

Kate McGarrigle a toujours été au coeur des concerts de Noël du clan McGarrigle-Wainwright. C'est elle qui harcelait ses proches pendant des mois pour savoir qui allait chanter quoi, se souvient sa fille Martha Wainwright.

Kate nous a quittés depuis bientôt cinq ans, mais la tradition continue. La famille McGarrigle-Wainwright et ses amis ont fait la fête au Théâtre Saint-Denis en décembre 2011 en compagnie d'artistes proches de Kate et de sa soeur Anna comme Robert Charlebois, Chloé Sainte-Marie et Monique et Michèle Mercure. Cette fois, ce sont des chanteurs de leur propre génération comme Ariane Moffatt et Louis-Jean Cormier que Martha et Rufus vont initier au rituel familial.

Toutes les recettes de ce spectacle des Fêtes sont versées à la fondation que Kate McGarrigle a elle-même mise sur pied dans le but précis de contribuer à la recherche scientifique sur le sarcome qui devait la faucher. En décembre 2009, Kate était sur la scène du Royal Albert Hall de Londres avec ses proches pour le tout premier concert associé à sa fondation. Avant que le rideau s'ouvre, elle était étendue sur un sofa, incapable de marcher, mais elle a quand même joué et chanté pendant deux heures et demie avec un aplomb que Martha ne lui connaissait plus.

«Kate savait que c'était trop tard pour elle, mais elle trouvait que la recherche sur le sarcome était mal financée parce que ce cancer est moins répandu et donc moins connu que le cancer du sein, par exemple, explique Martha. Ça la préoccupait également que ce cancer très agressif s'attaque beaucoup aux jeunes.»

«Chaque année, la fondation donne 20 000$ chacun à deux chercheurs au Canada. Mon frère et moi, on essaie de monter deux gros concerts par année pour la fondation: un concert de Noël et un autre en hommage à Kate. Et on va trouver d'autres façons de faire...»

De New York à Montréal

L'an dernier, un collectif a rendu hommage à Kate au Théâtre Outremont en plein été, mais il n'y a pas eu de concert de Noël. «On devait le faire, mais j'étais très enceinte, explique Martha en riant. Cette année, on joue deux soirs au Town Hall de New York, les 17 et 18 décembre. Tout de suite après, on monte dans l'autocar et on arrive le matin à Montréal où on doit répéter.»

Outre les invités d'un soir, le concert de Noël montréalais rassemblera des musiciens et chanteurs que les initiés connaissent bien: les tantes McGarrigle, les cousins et la demi-soeur Lucy Wainwright qui a charmé les fans de Rufus au TNM lors du dernier Festival de jazz. On y reconnaîtra également des amis de toujours comme le violoniste Joel Zifkin et le multi-instrumentiste Chaim Tannenbaum, un ami de Kate dès l'adolescence.

«C'est mon mari qui joue de la contrebasse et le mari de la meilleure amie de ma cousine est derrière la batterie, ajoute Martha. Et puis il y a le guitariste Andrew Whiteman du groupe Broken Social Scene qui est le mari de ma meilleure amie que j'ai connue à l'âge de 2 ans ici à Montréal.»

Tout ce beau monde va chanter et jouer des classiques du temps des Fêtes mais également d'autres chansons de circonstance moins connues. «On essaie toujours de nouvelles choses, dit Martha. On est un peu aux aguets: est-ce qu'on va atteindre la note? Est-ce qu'on va pouvoir terminer la chanson sans faute? On a toujours l'impression de vivre dans l'instant présent.»

Des berceuses étranges

Mère de deux enfants, Martha a moins de temps à consacrer à ses propres projets ces jours-ci. N'empêche, elle écrit des chansons pour son prochain album et elle a enregistré avec sa demi-soeur Lucy un disque de berceuses pas tout à fait comme les autres.

«Je n'aime pas les disques pour enfants, ça m'énerve, mais ce sont des berceuses un peu étranges et épeurantes dans la tradition anglaise, explique-t-elle. On a enregistré ça, Lucy et moi, dans un petit chalet de ski qu'a bâti mon grand-père à Saint-Sauveur dans les années 40: rien que deux voix, deux guitares, un accordéon et un vieil orgue que quelqu'un avait jeté aux ordures.»

De son côté, son frère Rufus poursuit sa tournée solo qui s'est arrêtée à Montréal l'été dernier et il travaille à son deuxième opéra, Hadrian, qui sera créé à Toronto en 2018.

«Il n'arrête jamais, lui, dit Martha.

- Vous vous voyez souvent?

- La plupart du temps, c'est parce qu'on travaille ensemble. On participe à des concerts parce qu'on sait qu'on pourra s'y voir.»

À la Maison symphonique, le 21 décembre.

Les invités de Martha

ARIANE MOFFATT

«L'été dernier, j'ai participé au spectacle de la Saint-Jean sur les plaines d'Abraham avec Ariane. Avec elle, on est fidèle à l'idée que ma mère avait depuis le début: que ce soit pour un concert de Noël ou pour un concert-hommage, on est toujours en famille ou entre amis.»

LOUIS-JEAN CORMIER

«Louis-Jean Cormier, c'est quelqu'un dont j'ai toujours beaucoup aimé la musique. C'est un nouvel ami et on l'invite à rentrer dans la famille. C'est ça l'idée: un sentiment partagé d'appartenance.»

JEAN-WILLY KUNZ

«On a ajouté un invité, l'organiste Jean-Willy Kunz, après notre concert commun à l'église unie St. James, en octobre. J'ai beaucoup aimé travailler avec lui, il est formidable. Et comme en plus il est organiste en résidence à la Maison symphonique, on lui a demandé s'il voulait jouer avec nous.»

AMY MILLAN

«Amy Millan est une de mes meilleures amies. Quand elle est en ville, elle participe toujours à nos concerts. Elle était également, avec Broken Social Scene, du concert-hommage à Kate au festival Luminato de Toronto.»