Elle s'appelle Indila. Si, sur le Vieux Continent, son vidéoclip Dernière danse a été vu par plus de 150 millions de personnes et son premier album, Mini World, s'est vendu à 800 000 exemplaires en moins d'un an, elle fera ses premiers pas à Montréal en première partie de Lynda Thalie demain soir sur la scène de l'Olympia. Conversation avec Adila Sedraïa, discrète auteure-compositrice-interprète de 30 ans qui fait tourner les têtes des Français depuis quelques mois.

Vous dévoilez peu de choses à votre sujet dans les médias. Pourquoi une telle discrétion sur vos origines?

Je pars du principe que c'est ce que je dois à la musique. C'est elle qui doit être mise de l'avant, briller et être connue plus que moi. Je considère que je suis le véhicule de ma musique et je fais attention à ce que ma personnalité et mon identité n'entachent pas sa pureté.

Mais votre musique n'est-elle pas directement influencée par ce que vous êtes?

Paradoxalement, oui. J'ai besoin, pour composer de manière sincère, de parler de ce que je suis. Mais quand il s'agit de parler de moi en tant qu'artiste, c'est différent: je ne dois pas prendre trop de place. Quand on écoute mes textes et qu'on ferme les yeux, c'est de la chanson que je veux qu'on se rappelle, pas de moi.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire de la musique?

J'ai une grand-mère qui, à l'époque, chantait dans les mariages. Elle a transmis ça à ma mère, qui chantait beaucoup lors de nos réunions de famille. Mes frères et soeurs sont mélomanes. La musique a toujours été très présente dans ma vie. J'ai longtemps hésité à me lancer dans la musique. Je voulais tellement être chanteuse quand j'étais jeune, mais je me le suis interdit. Pour moi, ce n'était pas un métier qui offrait un beau destin. Mais l'envie a grandi. Quand je chante, je suis au top du bonheur!

Quel genre de musique jouait chez vous?

On écoutait plein de genres différents. Mon oncle écoutait du Bon Jovi, ma soeur, la chanteuse orientale Warda ou encore l'Indienne Lata Mangeshkar, mon frère, du Mecano et du Michael Jackson alors que ma mère était plutôt Brel ou Piaf. Mes voisins m'ont fait découvrir la musique africaine, comme Salif Keita et Ismaël Lô. J'ai grandi avec ces influences. Aujourd'hui, j'adore Buika et Ibrahim Maalouf.

Qui vous a repérée?

Un jour, alors que j'étudiais la littérature à l'université, il y a eu un concours de chant et mes amis m'ont poussée à y participer. J'ai gagné et, après ça, je me suis dit que je ne pouvais plus résister à l'appel de la musique. Après, il y a eu ma rencontre avec Skalpovich, un compositeur et producteur français. Il est entré dans mon cercle d'amis et on a commencé à écrire ensemble pour d'autres artistes, comme Chimène Badi. Comme je m'interdisais encore de chanter, je trouvais que c'était une très bonne chose!

Qu'est-ce qui vous a amenée à faire le grand saut?

Des artistes comme Youssoupha, Rohff, M. Pokora et Patrick Bruel m'ont demandé de composer des refrains pour leurs chansons qui seraient interprétés par d'autres chanteuses. En laissant ma voix témoin, ils s'attachaient à cette version et me demandaient de chanter. C'est comme ça que j'ai commencé à faire des collaborations, avant de faire le grand saut en solo.

Votre premier album, Mini World, est un peu votre carte de visite. Qu'est-ce que vous vouliez y exprimer?

J'essaie de faire de la musique qui me correspond: de la variété française, avec une touche musique du monde. «Mini World» signifie qu'on a tous notre propre bulle, notre manière de regarder la vie. Je voulais partager mon petit monde à moi. Le mot «world» fait écho au côté plus ethnique et universel, et «mini», surtout au côté modeste de la chose!

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À l'Olympia demain soir, en première partie de Lynda Thalie.