Automne 1994. Le premier album studio de Moist domine les palmarès avec les singles Silver et Push. En quelques mois, la formation se hisse parmi les groupes phares du rock alternatif (Sloan, The Tragically Hip). Mais au tournant du millénaire, Moist disparaît sans prévenir. Après un long hiatus, David Usher et sa bande renouvelée nous reviennent avec une cinquième galette qui n'est pas destinée qu'aux nostalgiques.

Pour Moist, 2014 marque les 20 ans du début d'une déferlante qui, à coups de guitare et de basse, a chamboulé le Canada et la planète en écoulant 1,3 million d'albums.

Les membres du groupe - aujourd'hui passé de quintette à sextuor - sont toutefois unanimes: Glory Under Dangerous Skies n'a rien d'un album anniversaire. «Début 2013, on s'est retrouvé à reprendre nos vieux morceaux, sans aucune idée derrière la tête, explique Mark Makoway, guitariste de la formation, au cours d'une entrevue avec une partie du groupe. N'ayant pas joué ensemble depuis si longtemps, on a senti une énergie qui nous a rendus fébriles. Ça n'avait pas adonné avant, mais on a ressauté.»

La «mémoire musculaire»

Même son de cloche du côté du chanteur David Usher, qui n'avait pas envisagé de mettre sa carrière solo en veille. «J'ai été surpris par la connexion qui était toujours là, admet le meneur. Comme un genre de mémoire musculaire qui a retenu toutes nos dynamiques d'il y a 10 ans.» Revenir au rock de Moist tranche d'ailleurs avec les récentes collaborations plus pop du chanteur avec Coeur de pirate ou Marie-Mai.

Poursuivant sur son élan, le groupe a finalement entamé sa tournée pancanadienne Resurrection à guichets fermés. Deux nouveaux membres ont rejoint la troupe: Louis Lalancette à la basse, Jonathan Gallivan à la guitare et Francis Fillion aux percussions.

Pour le nouveau batteur, se retrouver derrière les percussions d'un groupe qu'il vénérait a tout d'un rêve d'ado. «Je suis comme un cheveu sur la soupe, s'exclame-t-il. J'ai joué dans beaucoup de bands, et je connais bien le travail de conception d'un album, mais j'ai été surpris de l'accueil et du talent des gars. Puis, évidemment, on n'a plus 20 ans: tout le monde a mis plus de sagesse et de maturité dans le processus.»

Nostalgie bien dosée

Le sextuor voulait que sa cinquième rondelle laisse respirer le son original de Moist, «une teinte de nostalgie», tout en respectant l'évolution de la formation et l'ajout de nouveaux venus.

«Ç'a été l'enregistrement le plus rapide de notre vie. Ça a coulé de la création à la conception», dit David Usher.

Enregistré à Toronto, Glory Under Dangerous Skies a été composé au studio Base Bin de Montréal. «Au début, on a écrit neuf chansons en quatre jours; on a ensuite dû en couper la moitié, déclare le leader. On a tous été surpris par Black Roses, qui est la dernière pièce qu'on a écrite. On était convaincus qu'elle serait mauvaise, mais elle s'est avérée l'une de nos meilleures chansons après quelques ajustements.»

La formation, qui sera au Métropolis le 15 novembre, se dit très reconnaissante envers Montréal. «Le Québec a probablement été la province la plus accueillante pour Moist, poursuit-il. On a tous déménagé à Montréal en 1995. On s'est ensuite éloignés tranquillement. Et j'y suis revenu il y a six ans. C'est ici qu'on voulait lancer l'album.»

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