Le groupe de rock britannique Arctic Monkeys, un quatuor déjanté né sur le net désormais capable de remplir des stades de fans, a confié à l'AFP être enclin à souffler un peu après le succès mondial de son cinquième album, AM.

«Il n'y a pas d'urgence à faire quelque chose d'autre», a déclaré le batteur Matt Helders, en marge du festival Summer Sonic le week-end dernier à Tokyo.

«Pour l'instant, cet album semble être à même de s'installer pour quelque temps. Nous n'avons jamais eu vraiment une pause indéfinie. Je ne pense pas que nous puissions tourner davantage», a-t-il expliqué.

La sortie d'AM en septembre dernier avait déclenché un déluge d'éloges et les honneurs de la critique internationale.

Leur mue d'adolescents survoltés en bêtes de scène a pour corollaire qu'ils ne peuvent plus donner un seul concert sans être bombardés de sous-vêtements féminins!

«Il y a avait plus de soutiens-gorges cette année», sourit Helders. «Les gens écrivent leurs adresses e-mail dessus», assure-t-il, troublé par ce succès transnational.

«C'est la première fois que nous avons autant de rotations de nos titres à la radio et avons fait d'aussi gros spectacles aux États-Unis», se réjouit-il.

«Nous n'avons jamais cherché à briller plus en Amérique, mais quand on est à des milliers de kilomètres de la maison, rien que le fait de ne pas jouer dans une salle vide était pour nous une réussite».

Leurs deux premiers albums - Whatever People Say I Am, That's What I'm Not (2006) et Favourite Worst Nightmare (2007) - distillaient un rock syncopé influencé par le rap et le reggae et marqué par les textes pleins de saveur de son meneur Alex Turner.

Puis Arctic Monkeys s'est de plus en plus tourné vers l'Amérique, avec des résultats en demi-teinte sur le déconcertant Humbug (2009), puis le paresseux Suck It and See (2011).

AM est le premier disque où les musiciens ont embrasé les États-Unis en remplissant les stades du pays, emmené par leur chanteur, Alex Turner, devenu un sex-symbol avec sa coupe banane rockabilly, son blouson de cuir et son pantalon moulant.

«Chaque fois que nous avons fait un disque, nous avons essayé d'avancer un peu», souligne le batteur. «Nous avons fait un grand bond cette fois. Notre troisième album, Humbug, avait aussi été une grande avancée qui nous a donné confiance pour faire quelque chose d'un peu différent».

Tête d'affiche à Tokyo aussi

Et de poursuivre: «Certains trucs du passé ne font plus autant sens ou n'entrent plus si bien dans les canons, mais il n'y a rien dont nous ayons honte». «Toute personne qui avait 18 ans et en a maintenant 28 regarde en arrière et se demande pourquoi elle était ainsi coiffée, ou pourquoi elle portait tel vêtement».

«Peut-être qu'actuellement nous sommes le plus grand groupe du monde, mais je n'ai jamais pris cela au sérieux. Je ne me réveille pas en pensant que je suis sur le toit du monde. Certes, je n'ai pas à me plaindre».

Le guitariste Jamie Cook admet néanmoins que le son actuel tranche avec celui des débuts.

«Il y a beaucoup d'influence R&B dans l'album AM». Cet opus a suscité des comparaisons avec le groupe éphémère Spiders from Mars qui accompagnait David Bowie ou The Strokes aux riffs de guitare flous. «Il y a beaucoup plus de groove et probablement moins de guitare traditionnelle de rock. C'est un album amusant à jouer», acquiesce-t-il.

AM a en tout cas comblé les 40 000 spectateurs du Summer Sonic, déjà servis par Avril Lavigne, Queen, Kraftwerk, les Pixies, Robert Plant et des dizaines d'autres groupes ou chanteurs plus ou moins renommés.

«Nous avons eu l'occasion de jouer beaucoup de nouvelles chansons, je ne m'attendais à cela car, en général, les spectateurs veulent surtout les vieux hits», note Helders.