Quand ils ont appris que Kent Nagano cherchait 1000 personnes pour chanter Carmina Burana avec l'OSM, plusieurs membres de chorales sont arrivés à leur répétition suivante avec une idée en tête: convaincre leurs pairs qu'il fallait y participer! Ils semblent avoir été persuasifs puisqu'en fin de compte, le recrutement a dépassé les attentes pour atteindre 1500 choristes.

«Il est rare que l'on puisse chanter à 1500 personnes, en plus avec l'OSM, alors on a saisi l'occasion. L'enthousiasme des membres qui ont proposé l'idée a vite gagné tout le monde», dit Jean-Sébastien Lévesque, chef de choeur des Chanteurs du Brouhaha, une chorale qui réunit principalement des jeunes de 18 à 30 ans.

Mais comment prépare-t-on une oeuvre de cette envergure en quelques mois? Carmina Burana comporte 25 mouvements, des poèmes médiévaux en vieux latin et en vieil allemand. Les Chanteurs du Brouhaha n'avaient jamais travaillé l'oeuvre auparavant. Au total, elle dure une heure et la partition compte autour de 70 pages. Mais elle s'est avérée moins ardue à assimiler qu'on aurait pu le croire.

«Carl Orff était un grand pédagogue et il a eu le génie d'écrire une oeuvre qui ne serait pas si difficile à apprendre pour que ce soit accessible, ajoute Jean-Sébastien Lévesque. Sur six semaines, nous avons travaillé environ 20 heures.»

Il va sans dire que les choristes avaient toutefois la responsabilité d'apprendre leur partie à la maison.

«Il y a un défi sur le plan de la prononciation, car le débit est assez rapide, dit Michel Brousseau, chef de la Société philharmonique du Nouveau Monde. Les choristes doivent très bien connaître leur texte. Il y a aussi beaucoup de dissonances, alors, comme chef, il faut s'assurer que tout le monde arrive à bien aller chercher la note juste. Mais c'est tellement agréable à chanter que les difficultés s'estompent rapidement.»

Pour faciliter la tâche à tous, Andrew Megill, chef du Choeur de l'OSM, avait annoté toute la partition en alphabet phonétique international, question d'indiquer la bonne prononciation.

«Nous leur avons donné le maximum d'informations possible puisque chaque choeur devait se préparer de façon autonome, dit-il. Tout était indiqué avec précision, notamment les endroits des respirations et l'interprétation des nuances.»

Cinq jours intensifs

À la Société philharmonique du Nouveau Monde, qui regroupe quatre choeurs venus de Montréal, Tremblant, Sainte-Thérèse et Ottawa, on avait déjà chanté Carmina Burana en concert. Cet ensemble accueille également les chanteurs «orphelins», c'est-à-dire les individus qui souhaitaient se joindre au concert mais ne faisaient pas déjà partie d'un choeur, ce qui a porté le groupe à 200 personnes.

«Je dirais qu'au moins la moitié de nos membres connaissaient déjà Carmina Burana, dit Michel Brousseau. Nous avons eu cinq journées intensives de répétitions en juin, juillet et août. J'ai senti une motivation vraiment forte chez tout le monde. Cela a fait en sorte que les progrès ont été très rapides, même chez ceux qui ne connaissaient pas l'oeuvre.»

Trois autres grandes répétitions générales sont prévues au Parc olympique et à la Place des Arts, les 12 et 13 août, pour l'ensemble des 1500 chanteurs. L'une des trois réunira la majorité des participants.

«Nous disposerons d'un temps très limité, dit Andrew Megill. L'élément le plus difficile à placer sera le rythme. En étant aussi nombreux, les chanteurs se retrouveront très éloignés de ceux qui seront à l'autre extrémité. Je suis certain que le plus gros du travail des répétitions générales consistera à s'assurer qu'il y a bien un seul rythme, et non 1500 rythmes différents.»

Sur scène à l'Esplanade

Loger 1500 chanteurs et un orchestre, ensemble, pour un concert représente tout un défi. Sébastien Almon, directeur, tournées et opérations artistiques à l'OSM, supervise la logistique de l'événement.

«Avant le concert, les choristes attendront dans une immense loge sous les gradins du stade et qui est située presque derrière la scène. À 19h15, ils vont venir se placer dans un ordre préétabli. »

Une partie des chanteurs montera sur la scène, tandis que les autres se placeront devant la scène ainsi qu'à la droite et à la gauche de Kent Nagano. Ces derniers seront dirigés par trois autres chefs (Andrew Megill, Dina Gilbert et l'Américain Richard Owen) qui suivront les indications du maestro grâce à un système de caméras et d'écrans.

Des choeurs venus de Montréal, Québec, Rimouski, l'Outaouais, Drummondville, Saint-Jean-sur-Richelieu, les Laurentides et Granby participeront à l'événement.