Petit à petit, le hip-hop made in Montréal fait son nid. Alors que des producteurs comme High Klassified font des vagues aux États-Unis, un autre nom résonne (de moins en moins) discrètement à l'international: Kaytranada. À 21 ans, l'artiste montréalais vient tout juste de signer chez XL Recordings (le label d'Adele, Vampire Weekend et M.I.A.).

T-shirt long, jeans et baskets: Kaytranada pourrait passer inaperçu dans la rue. Son C.V. a pourtant de quoi faire des jaloux. Son nom a déjà été associé à ceux de Mobb Deep et du groupe britannique Disclosure (dont il a retravaillé la chanson January pour un album-compilation). Mais pour Kaytranada, l'aventure musicale n'a été qu'une succession d'heureux hasards.

«J'avais à peu près 14 ans lorsque mon frère m'a introduit à l'univers du hip-hop. J'ai commencé par être DJ et, avec le temps, je me suis intéressé davantage aux beats

Comme tout artiste qui rêve de se faire connaître, le producteur a commencé par la case YouTube. Son remix d'If, chanson de Janet Jackson, a été un tournant pour lui. «J'ai toujours su que je voulais faire ça de ma vie, et le succès de ce morceau m'a encouragé à en faire plus.»

La reconnaissance

En 2013, tout change lorsque le Piu Piu (un son typiquement montréalais qui a pris forme aux Artbeats organisés pas SevDee) est mis sur le devant de la scène par le documentaire d'Aïsha Vertus, Piu Piu, A Documentary About the Montreal Beatscene. Kaytranada, qui est alors un membre important de cette communauté, se fait connaître par un public plus large.

«C'est sûr qu'avant ce mouvement, c'était beaucoup plus difficile, avoue-t-il. Mais il faut toujours qu'un artiste offre quelque chose de spécial pour se faire remarquer.»

Le producteur de hip-hop connaît aujourd'hui un franc succès sur les scènes du monde. Les billets pour ses événements se vendent à une vitesse surprenante en Europe et aux États-Unis. C'est à se demander ce qu'il apporte de plus sur scène que les autres producteurs de beats.

«Une fête! dit-il. J'ai grandi dans un univers festif; mon père écoutait beaucoup de compa, une musique qui fait danser les gens, et j'imagine que ça m'a influencé.»

Depuis quelque temps, Kaytranada est une abeille bien occupée. Il y a quelques mois, il était en studio avec le groupe de hip-hop Mobb Deep après avoir été contacté par Red Bull. L'étiquette voulait faire «quelque chose de différent» en associant un artiste émergent à ce groupe légendaire pour l'album The Infamous Mobb Deep. Le résultat? My Block.

L'association récente de Kaytranada avec le label XL Recordings, qui abrite de grands noms, pourrait lui ouvrir bien des portes.

«C'est sûr que beaucoup d'artistes connus font partie de ce label et je suis content qu'il m'ait contacté, avoue-t-il. J'écoutais déjà Tyler, The Creator et M.I.A. C'est un label légendaire.»

Difficile d'obtenir plus d'informations sur son album qui devrait sortir à l'été. L'artiste insiste sur le fait qu'il restera lui-même, bref un artiste de Montréal.

The Celestics, un projet de famille

Bien avant que la carrière solo de Kaytranada décolle, il y avait un projet de famille. Ça a commencé en 2006 par un groupe composé du producteur, de son frère, d'une cousine et d'un ami, qui a fini par se dissocier. Quelques années plus tard, l'artiste s'est associé de nouveau avec son frère Louie P. avec qui il a formé The Celestics. Le duo vient tout juste de sortir son premier EP, Supreme Laziness. Loin des artistes engagés, The Celestics revendique une musique «qui sonne bien». «On n'a pas eu une enfance difficile, explique Louie P. On n'a pas de message de rue à donner. Ce qu'on aime, c'est le flow et la manière dont les paroles et les beats se mélangent.» Le groupe, qui a signé avec Windish (une grande agence de booking qui représente des artistes tels que Lorde et Shlohmo), espère bientôt entamer une tournée canadienne.

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Kaytranada sera en concert à Osheaga le 2 août.