Montréal n'a pas eu l'occasion de voir Turandot depuis 10 ans. La redoutable princesse de glace chinoise est de retour dans une production qui nous vient d'Australie. Son metteur en scène, Graeme Murphy, est un chorégraphe expérimenté qui aime ajouter du mouvement dans les productions qu'il dirige.

«Je crois que le meilleur mot pour décrire ma mise en scène est "fluide", dit-il. L'action coule, ce n'est pas statique. On voit souvent des productions de Turandot qui ressemblent à des oratorios parce que les chanteurs ne bougent presque pas. Étant issu du milieu de la danse, mon approche est différente de celle d'un chanteur ou d'un chef d'orchestre. Ils sont obsédés par la perfection musicale et le son. Mon obsession personnelle, c'est que le public vive une expérience émotive et s'attache aux personnages.»

Dans une Chine impériale imaginaire, Turandot, princesse à la beauté légendaire, refuse de se marier. Elle propose trois énigmes à tous les prétendants prêts à risquer leur vie pour l'épouser. S'ils échouent, on leur coupe la tête. Aucun n'a jamais réussi. Jusqu'à ce qu'arrive Calaf, prince étranger bien déterminé à relever le défi.

Ce conte mis en musique par Puccini a valu à la postérité des airs mémorables, dont le fameux Nessun Dorma, certainement l'un des airs les plus célèbres de tout le répertoire opératique. Le 5 mai, l'Opéra de Montréal annonçait que deux des quatre représentations prévues affichaient déjà complet.

Chanteurs



Turandot nécessite de grandes voix. Dans le rôle-titre, on entendra pour la première fois ici la soprano russe Galina Shesterneva. À ses côtés, le Bulgare Kamen Chanev sera Calaf et la Japonaise Himori Omura, souvent entendue à Montréal, sera Liu.

Côté scénographique, on peut s'attendre à un récit situé dans une Chine antique, avec certaines libertés.

«Les décors et les costumes de notre concepteur, Kristian Fredrickson, sont d'une grande beauté, dit Graeme Murphy. C'est magnifique mais assez monochrome. Le décor n'est pas du tout dans le style ornemental chargé des chinoiseries, que Kristian n'aime pas. On pourrait dire que c'est une esthétique un peu plus japonisante. On se sent encore dans un conte de fées, mais avec une simplicité qui permet d'aller au coeur de l'oeuvre.»

Turandot a été le premier opéra d'envergure mis en scène par Graeme Murphy pour Opera Australia. La production a beaucoup voyagé dans son pays d'origine et en Nouvelle-Zélande, mais c'est sa première grande aventure internationale grâce à une entente entre l'Opéra de Montréal et Opera Australia, qui travaillent ensemble depuis des années. Les deux compagnies en sont à leur sixième collaboration.

«Je dirigeais une compagnie de danse contemporaine à Sydney depuis 30 ans quand on m'a invité à faire la mise en scène d'un nouvel opéra basé sur La métamorphose de Kafka. Ensuite, j'ai fait Turandot, Salomé, Les Troyens, Aida et, depuis, je n'ai pas arrêté.»

Ce soir et les 20, 22 et 24 mai, 19 h 30, à la salle Wilfrid-Pelletier.