Le succès inattendu de Tricot Machine l'a emportée dans un tourbillon. Dix ans plus tard, Catherine Leduc revient sur terre et lance un premier album bien à elle, un disque planant qui risque d'étonner les fans du duo.

Dès la première écoute, l'album solo de Catherine Leduc nous envoûte autant qu'il nous surprend. On reconnaît tout de suite la voix féminine de Tricot Machine, mais l'enrobage musical est moins sautillant, plus atmosphérique.

Ce disque, Catherine Leduc l'assume pleinement. Elle en signe tous les textes ainsi que les musiques, dont deux ont été composées avec son amoureux et complice de Tricot Machine, Matthieu Beaumont.

Quand Catherine lui a fait part de son désir de se lancer dans l'aventure solo, Matthieu lui a répondu ce que lui demandent ces jours-ci tous les journalistes qui la rencontrent: ça ne pourrait pas s'appeler Tricot Machine?

«Pour moi, non, répond-elle immédiatement. Pour plein de raisons. Premièrement, c'était trop ancré dans le temps. Juste le nom Tricot Machine: dans ce temps-là, j'étudiais en textile... Aujourd'hui, je me sens ailleurs, je me sens plus libre avec mon propre nom. Je suis moins prise dans une boîte, obligée d'être ce que j'ai été.»

Catherine ne renie pas Tricot Machine, même si elle est convaincue que le groupe «ne reviendra pas». Elle se souvient du tourbillon pas du tout désagréable qui l'a emportée dès la parution du premier album et elle assume pleinement la naïveté des débuts. «On ne savait pas ce qu'on faisait; on le faisait! Mais ce qu'on disait, ce n'était pas niaiseux.»

Or, même si, aux yeux des fans, la chanteuse était l'incarnation de Tricot Machine, elle n'a jamais senti qu'elle en était le moteur de création. «C'était les deux gars. Matthieu et [son frère] Daniel [parolier qui a également collaboré aux textes de Louis-Jean Cormier] se renvoyaient la balle, ils échangeaient des textes. Moi, je plaçais de temps en temps quelque chose là-dedans. Mais je ressentais un besoin d'accomplissement et, pour la première fois de ma vie, j'ai eu l'impression que j'étais capable de le faire.»

Comme des grands

Catherine s'est mise à écrire ses propres chansons au moment où Matthieu venait de renouer avec la biologie qu'il avait négligée pendant l'aventure Tricot Machine. Elle a mis du temps à le convaincre de réaliser son disque.

«Il n'avait jamais touché à Pro Tools; on était de vrais novices! L'album s'appelle Rookie et on en est là, même après 10 ans», dit-elle en riant.

Elle constate aujourd'hui que Matthieu et elle n'ont jamais été aussi proches. «Ce disque est ce qui est le plus notre bébé depuis toujours. On s'est découverts comme musiciens, comme amis, comme couple; on a découvert qu'on avait vraiment une fusion musicale. On aime les mêmes choses, on sait où on s'en va. Et on a fait ça nous-mêmes, comme des grands. Matthieu et moi, on aime ça, travailler ensemble. Peu importe comment ça va s'appeler, tant qu'on va avoir envie de le faire...»

Un sourire illumine son visage quand elle raconte la fois où le couple a repassé toutes les pistes musicales l'une après l'autre dans l'ampli Leslie de l'orgue d'une chapelle de Trois-Rivières pour obtenir les réverbérations qui contribuent au son planant de l'album.

«Des fois, on dirait qu'on est dans l'eau... Il y a aussi les choeurs qui font que c'est assez enveloppant. C'est différent de ce que je faisais avant et aussi de ce qui se fait présentement. Je ne vois pas vraiment ce qui ressemble à ça et c'est une de mes fiertés.»

Catherine et Mick

Depuis un an, Catherine est montée sur scène avec son groupe - Matthieu aux claviers, Josiane Paradis à la batterie et Émilie Proulx à la basse - ainsi que toute seule avec sa guitare en première partie des soeurs Boulay.

Pas question, toutefois, de reprendre des chansons de Tricot Machine. «Ça fait partie de la décision de changer de nom, juste de pouvoir arrêter de faire ces chansons-là qu'on a faites 500 fois. Moi, je vis dans le moment présent. Être Mick Jagger, je serais écoeurée de chanter Satisfaction

Elle n'aura pas à le faire puisqu'il y a dans Rookie tout ce qu'il faut pour alimenter un bon concert, en y ajoutant quelques autres chansons de son cru et une ou deux reprises, de Françoise Hardy, par exemple.

«C'est un album... humble, vrai, dit Catherine Leduc en guise de conclusion. J'avais le goût d'être proche de moi et de ma vulnérabilité. Je pense que ça, je l'ai réussi.»

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POP. Catherine Leduc, Rookie, Grosse Boîte/DEP. Sortie mardi.