Vous aimez Elliott Smith, Air et la voix de Julien Mineau de Malajube? Entrez dans l'univers doux et introspectif de Ludovic Alarie. L'auteur-compositeur de 20 ans lance son premier album solo mardi. Sans son groupe The Loodies, mais avec la collaboration de Patrick Watson, Adèle Trottier-Rivard et Warren C. Spicer (Plants and Animals).

Il est chétif, réservé, calme. Peu de conseillers d'orientation lui auraient suggéré de devenir chanteur folk-rock. Et pourtant...

Le musicien de 20 ans, que tout le monde surnomme affectueusement «Ludo», est né à Montréal. Son père, Frédéric Alarie, est un contrebassiste jazz émérite.

Ludovic a suivi ses pas en étudiant la guitare classique à l'école Pierre-Laporte, puis à Vincent-d'Indy. L'an dernier, il a arrêté à mi-parcours ses études en électroacoustique à Concordia. Au lieu d'apprendre la musique, il allait se consacrer à la sienne. «Dans la musique, il faut que tu sois à 100% dans quelque chose. Sinon, ça ne marche pas», dit-il.

Ludovic Alarie a rangé son repose-pied sans renier son précieux bagage musical appris sur des cordes de nylon. Ses connaissances en guitare classique sont au coeur de son folk-rock, qu'on peut comparer à celui du grand Elliott Smith, disparu en 2003.

«Je crée des mélodies à partir d'enchaînements d'accords. En guitare classique, tu as plusieurs voix et tu dois en être conscient.»

Depuis l'âge de 16 ans, il fait partie du groupe The Loodies, qui a lancé un EP et un album sous le label Indica, et qui tournera en Europe en mai. Comme Half Moon Run, «Ludo» est sous l'aile de l'imprésario Franz Schuller.

L'an dernier, «un trop-plein de créativité» l'a incité à se lancer dans une aventure solo en français. «Par rapport à The Loodies, je voulais que ça reste plus personnel et introspectif», explique-t-il de sa voix qui crée le calme autour de lui.

«J'ai d'abord enregistré quatre pièces que j'ai montrées à Indica. Ils ont tripé et ils m'ont suggéré de faire un album, raconte-t-il. Au départ, je ne voulais rien sortir, car c'est très intime, mais tout s'est fait rapidement et j'étais en studio trois mois plus tard.»

Voilà comment Ludovic Alarie s'est retrouvé en studio avec Warren C. Spicer - chanteur de Plants and Animals - à la coréalisation et avec Adèle Trottier-Rivard, qui partage la scène avec Louis-Jean Cormier.

«Je voulais travailler avec un réalisateur qui soit aussi auteur-compositeur. Warren et moi, on se comprend tout le temps, même sans se parler. Il y avait un bel échange d'idées entre nous deux et Adèle», explique-t-il.

Deux mondes séparent toutefois les univers de Plants and Animals et Ludovic Alarie. Ce dernier ne donne pas dans les mélodies urgentes et les refrains frénétiques. Ses chansons coulent tout en douceur, avec sa voix qui reste en retrait. «En français, j'aime quand il y a beaucoup de souffle dans la voix. J'ai grandi en écoutant Malajube», signale Ludovic Alarie.

«Au départ, j'avais en tête des pièces acoustiques avec des cordes et un trombone, mais rien de full band; je voulais une vibe à la Nick Drake. Finalement, on a pris une autre direction en faisant une deuxième séance d'enregistrement pour ajouter des arrangements de groupe.»

Avec du recul, Ludovic Alarie se réjouit de cette approche et se surprend d'entendre un synthétiseur à la Twin Peaks sur sa chanson Allant nulle part.

Collaboration de Pat Watson

L'orage émotif vécu par une amie a inspiré les paroles des chansons. «Les textes me permettent de méditer sur des choses qui surviennent autour de moi et que je ne comprends pas», dit-il.

La chanson Mon tendre II est née d'un poème de feu Geneviève Desrosiers. «C'est la première fois que le texte m'inspire la musique», signale Ludovic.

L'auteur a une aisance à dire beaucoup avec peu de mots. Le fait d'écrire d'abord en anglais a favorisé cette facilité d'évocation, selon lui. «Je ne suis pas extraverti ni extravagant.»

C'est pareil sur scène, mais il se passe quelque chose de très fort entre le public, sa guitare et lui. Pas étonnant que Patrick Watson soit tombé sous son charme lors d'un spectacle des Loodies au Divan orange, au point qu'il a accepté de chanter sur sa pièce Rester muet.

Pour l'anecdote, ce titre ne devait pas se retrouver sur l'album. Mais grâce à «trois heures à tuer en studio avant un spectacle de Blonde Redhead», la chanson en constitue le premier extrait. «On a juste mis plein de voix ensemble et gardé le meilleur.»

Pour son lancement, Ludovic Alarie sera accompagné de Warren C. Spicer à la basse, Jeremy Delorme aux claviers, Matthew Woodley à la batterie et Adèle Trottier-Rivard aux voix et percussions.

«L'entrée est gratuite», laisse tomber Ludovic.

Il serait trop timide pour le dire, mais autant de talents réunis sur scène à ce prix-là, c'est une occasion à ne pas rater.

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Accompagné de ses musiciens, Ludovic Alarie présentera la quasi-totalité de son album en formule 17h30 à 19h30 à l'Eastern Bloc, le 10 avril.

Ce que ses collaborateurs disent de lui

Adèle Trottier-Rivard (choriste et percussions)

«On se connaît depuis un an. Le batteur Raphaël Pellerin lui a parlé de moi. Ludo m'a envoyé quatre ou cinq chansons qu'il avait envie d'arranger. Deux semaines plus tard, nous faisions un show un vendredi soir au Cagibi. [...] Son album était un work in progress qui donnait lieu à la recherche. À l'état brut, les chansons guitare et voix sont venues me chercher. [...] Il n'est pas le gars timide qui déchire sa chemise sur scène. Il est authentique et tout se passe dans sa guitare. C'est beau.»

Warren C. Spicer de Plants and Animals (réalisateur)

«The Loodies a assuré plusieurs premières parties de Plants and Animals. Ludo m'a parlé de réaliser le prochain album de son groupe, mais aussi son projet solo. Il m'a refilé des maquettes acoustiques et m'a dit qu'il voulait s'inspirer de l'art nouveau. J'ai prétendu que je comprenais ce qu'il voulait dire et j'ai dit oui. [...] Nous avons fait l'album en un mois. Quand nous avons enregistré la chanson Tout va bien, on a vu que l'album pouvait être groovy et on a poursuivi dans cette direction. [...] J'ai beaucoup de respect pour son talent et ses idées. Il m'a permis de prendre des risques comme réalisateur et d'apporter des idées qui étaient davantage outside the box

Franz Schuller (son imprésario)

«J'ai connu Ludo grâce à Jace Lasek des studios Breakglass et des Besnard Lakes. Depuis un bout, je veux accompagner tôt dans leur carrière des jeunes qui ont du talent. J'ai trouvé que la musique du groupe de Ludo, The Loodies, était très forte. [...] Ludo a commencé à travailler sur des chansons en français. Elles ont la même qualité de composition, avec quelque chose de plus direct et expressif. Il y a une douceur et une beauté dans son projet, mais surtout un véritable sens artistique. Ludo écrit sans arrêt. C'est une force. Il faut continuer de l'entourer de gens qui l'inspirent.»