Après une longue période d'exploration, Young the Giant débarque à Montréal ce soir pour dévoiler son nouveau virage musical. Le groupe californien foulera les planches du Métropolis pour y jouer les pièces de son deuxième opus, Mind Over Matter, résultat d'une longue introspection.

Le premier album du quintette, lancé en 2010, a suscité un engouement monstre. Les pièces My Body et Cough Syrup ont atteint le top 5 du palmarès rock alternatif du magazine Billboard. L'enthousiasme contagieux des fans a bousculé les cinq membres du groupe vers une tournée qui a fait courir les foules.

«On ne savait pas trop quoi faire face à cette célébrité soudaine», admet le meneur du groupe, Sameer Gadhia, en entrevue avec La Presse. «Quand la tournée s'est terminée, on a eu besoin d'une période de répit», souligne-t-il.

Essoufflés, les cinq membres de la formation en ont profité pour réfléchir à l'évolution du groupe. «Il fallait retrouver nos racines. Au début du processus, on s'est posé beaucoup trop de questions par rapport à l'évolution qu'on voulait avoir. [...] Quand tu chantes les mêmes succès depuis deux ans, tu es prêt à tout pour créer une nouvelle atmosphère», admet le chanteur.

Une fois la tournée terminée, la formation s'est installée en périphérie de Los Angeles. «On a vécu ensemble pendant un an et demi pour créer Mind Over Matter. [...] Au début, ça bloquait parce qu'on analysait trop les textes. Puis, on a réalisé que l'écriture devait être basée sur nos émotions et non l'inverse», explique Gadhia.

En mai dernier, le groupe s'est associé au réalisateur Justin Meldal-Johnsen, proche collaborateur de Beck, Tegan and Sara et Nine Inch Nails.

«Justin a avant tout une expérience de compositeur et de musicien. Ç'a créé une atmosphère profitable pour tout le monde en studio», souligne le chanteur.

Nouvel univers sonore

Mind Over Matter offre une collection de 13 titres explorant des avenues musicales différentes du premier album. Issus de communautés culturelles diverses (canadienne, perse, britannique, indienne et italienne), les cinq membres de Young the Giant ont tenu à faire vibrer cette diversité.

«Chaque titre explore un thème personnel. Les pièces contiennent des textures et des éléments sonores plus léchés que ce qu'on a mis de l'avant lors de notre première tournée. [...] Oui, c'était un risque à prendre, mais on voulait évoluer avec une atmosphère plus dynamique», explique le leader.

Les pièces voyagent d'un air rock rythmique à un univers spatial marqué par le mariage des cordes aux synthétiseurs, sans oublier quelques clins d'oeil à la pop. Un CD éclectique, qui rime avec la volonté du groupe de «tout essayer».

Cela semble porter ses fruits. Young the Giant, reconnu pour sa présence scénique énergique, a fait un passage remarqué jeudi soir dernier sur le plateau du Late Show de David Letterman.

Touche québécoise

Le passage de la tournée Mind Over Matter à Montréal revêt un caractère particulier pour le batteur François Comtois, qui a grandi à Pierrefonds jusqu'à l'âge de 14 ans. C'est d'ailleurs à cette époque qu'il a commencé sa carrière de batteur.

«La célébrité, ça s'oublie, et quand je remets les pieds à Montréal, c'est toujours un grand bonheur pour moi de revoir mes amis, ma famille, et de reconnecter avec mon ancienne vie», déclare le batteur québécois.

Les critiques sont partagées à propos de ce nouvel album. Les cinq musiciens dans la mi-vingtaine rappellent que leur cheminement est un «work in progress». Même s'il a connu un départ fulgurant, le quintette souhaite évoluer à son propre rythme. Reste à voir si sa percée se poursuivra au même pas de géant.

__________________________________________________________________________________

Jeudi 6 mars, 20h, au Métropolis. Première partie: Vance Joy.