Grand archiviste, Thomas Augustin a des fichiers audio plein son ordinateur. La pause de Malajube lui a permis de donner un premier album à son groupe parallèle, Jacquemort, qui avait sorti l'EP Dent de lait en 2007.

En magasin mardi, La montagne de feu marque une première étape sérieuse pour Jacquemort. «On a lancé le premier EP de façon informelle, comme un groupe d'amis. On a fait quelques spectacles, mais j'étais pas mal occupé avec Malajube, raconte Thomas Augustin. Avec ce projet-là, on n'a jamais poussé les choses plus qu'il le faut. Il a fallu cinq ans avant que le timing soit bon.»

Le timing en question est la pause de Malajube depuis la fin de la tournée de l'album La caverne. «J'archive beaucoup de musique, de riffs et de maquettes. J'ai enregistré ça sur un CD et je l'ai fait écouter au groupe.»

Thomas Augustin (Malajube), Julien Bakvis (Meta Gruau) et Julien Michalak (Meta Gruau, Bateau Noir) se sont remis à la composition avec deux nouvelles têtes, Melissa Di Menna (Meta Gruau) et Rémy Nadeau-Aubin (Hot Springs, Bateau Noir).

Avec des titres comme Nyctalope, Un panier de crabes et Lapis Lazuli, le choix de mots renvoie forcément à l'imaginaire symbolique de Malajube, mais également à une période de transition pour Thomas Augustin.

«L'album tourne autour de plusieurs thèmes. J'ai écrit la plupart des textes dans une période fixe, explique-t-il. L'album a commencé sur le thème de l'échec amoureux et il a évolué avec des angles différents pour que ça frappe l'imaginaire autrement. Il y a une descente et une remontée, et des textes plus légers.»

La chanson Père hippie fait particulièrement sourire. «Dans le groupe, disons qu'il y a trois pères marginaux qui ont beaucoup de panache», dit Thomas Augustin en riant.

Dans ses textes, Augustin fait également référence à la vie de rockeur. «Entre les tournées, il y a toujours un moment où on devient étourdi et où on perd la notion du temps quand ça fait un mois que la journée est planifiée en fonction d'un spectacle, explique Thomas Augustin. J'en parle un peu dans les textes. Ce projet-là a été parfait pour ça, car on prend les choses comme elles viennent. L'album m'a permis de me replacer.»

Avec les spectacles déjà programmés, le claviériste doit maintenant assumer son rôle de chanteur. «Je suis un musicien avant d'être un vocaliste. C'est un autre trip d'avoir le micro.»

À l'image de Malajube, la voix d'Augustin ne se distingue pas nettement des musiques. «Je n'ai pas essayé de cacher les paroles, mais, dans le groupe, on aime tous les sons touffus et quand la voix est accotée par beaucoup d'instrumentation.»

Inspirés par l'horreur

La pop de Jacquemort a quelque chose d'«halloweenesque», autant dans les pièces urgentes que dans les mélodies plus songeuses. «La musique de film d'horreur vient tous nous rejoindre dans le groupe. Nous aimons les ambiances spooky, mais avec un côté friendly.»

L'enregistrement de La montagne de feu s'est fait à la bonne franquette avec Ryan Battistuzzi. Histoire de s'offrir un résultat final de qualité, Jacquemort a confié le mixage à Jace Lasek, du studio Breakglass et du groupe Besnard Lakes. «Pour avoir tourné avec lui, j'aime le personnage et son approche. Ses mix sont puissants, mais avec un côté velouté... Je voulais ça pour notre musique assez dense.»

Thomas Augustin décrit la musique de Jacquemort comme étant actuelle, mais aussi en marge «de tout ce qu'on entend actuellement».

Justement. Avec les pauses de Karkwa et de Malajube, pourquoi le contexte musical actuel ne semble-t-il pas propice aux groupes québécois? «En ce moment, le mythe du chanteur folk est très fort. Les artistes qui sont là le méritent, mais ça prend beaucoup de place. Est-ce que les diffuseurs ont envie d'acheter le show d'un groupe indie-rock? Je l'espère...»

Jacquemort compte déjà quelques spectacles inscrits à son agenda, à commencer par le lancement, mercredi soir au Divan orange.

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INDIE-ROCK

JACQUEMORT

La montagne de feu

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