Il a consacré sa maîtrise à François Truffaut, a chanté Fanny Ardant et moi, a inclus dans son album Kensington Square un générique récité par Mathieu Amalric. Avec son cinquième album, en magasin mardi, il pousse l'expérience un peu plus loin: Les amants parallèles se déploie comme la bande originale d'un film d'amour fictif, immortalisé dans une sorte de labo où le piano fait office d'acteur principal et de caméléon.

Vous entendrez sur ce disque des percussions, de la basse, des violons... C'est de la triche! Au bout du fil, Vincent Delerm confirme qu'outre les voix, chaque son entendu sur Les amants parallèles est issu de pianos. Des écrous, des boulons, des plaques de tôle ont été utilisés pour modifier l'instrument, qui a prêté ses cordes pour imiter la basse ou le violon.

«On était quatre musiciens, mais on n'a jamais joué ensemble. On a enregistré un son à la fois», résume l'auteur-compositeur-interprète français. Un processus «pas très marrant», selon ses dires, qui s'est échelonné sur environ un mois et qui ne revivra pas sur scène.

«Je pense que les gens auraient du mal à garder leur attention sur ce qu'on raconte. Mes chansons demandent de la concentration pour entrer dans l'histoire.»

Amour et souvenir

Cette histoire en est une d'amour: de rencontre, d'intimité, de hauts et de bas, de rapports qui évoluent au fil du temps. Fidèle à ses habitudes, Vincent Delerm signe des chansons-photos - le musicien est d'ailleurs aussi photographe - truffées de références, de petits détails qui figent en musique des moments furtifs.

Une accumulation d'images qui finit par brosser le portrait d'une vie à deux: un souvenir d'enfance lié aux robes de Dalida, la confession d'un gars qui a fait semblant d'aimer Joe Montana, un enfant endormi sur un t-shirt de Johnny Marr ...

Ici, les chansons sortent du cadre classique: elles sont souvent plus déclamées que chantées, elles se répondent l'une l'autre. «C'est une permission que je me suis donnée de ne pas imposer de conclusions parfois artificielles des chansons en sachant que l'histoire allait se poursuivre dans la suivante», note leur auteur.

Le musicien dit ressentir davantage de pression dans la création de spectacles, où il se plaît à mélanger les genres (sa dernière tournée, notamment, alliait théâtre et chanson). «C'est un cauchemar que je fais, de ne pas être prêt à temps, raconte-t-il. C'est ridicule, je pourrais juste faire des chansons! Mais j'ai habitué les gens à ce qu'il y ait une mise en scène...»

C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on ne le voit pas souvent de notre côté du monde. Mais, en fin d'entrevue, il a laissé entendre que Montréal avait été évoqué par son équipe. Comme quoi ses fans québécois ont des raisons de rêver...

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Chanson

VINCENT DELERM

Les amants parallèles

En magasin mardi

Photo photothèque La Presse