Quand Pierre Lapointe s'inspire de la culture pop, il ne le fait pas à moitié. Pour sa nouvelle tournée, le chanteur a chipé son idée de décor sur des terrains de banlieusards... Vous savez, ces énormes structures gonflables qui poussent à l'approche de Noël ou de l'Halloween? Il en a fait fabriquer une qui épelle le mot «Punkt», le titre de son dernier album.

«Ça rentre dans une poche de hockey, indique-t-il, tout sourire. C'est gonflé par un ventilateur qui souffle constamment. Vraiment comme les pères Noël gonflables. Je voulais un décor qui se gonfle, une balloune géante.»

Sur son dernier album, éclaté et truffé de références (de Sesame Street à Broadway), Lapointe chante l'amour et le sexe, les ruptures et les regrets, va d'un titre volé au symbole chimique du gaz hilarant (N2O) à un autre qui coiffe le récit d'un infanticide. Un dernier sujet aussi pop que les précédents, selon le chanteur.

«On parle de la mort tout le temps, affirme-t-il. L'infanticide, c'est le plus vieux thème dramaturgique. Dans le théâtre grec, ce n'était que ça.»

Au coeur de sa démarche de création, le musicien a placé une question: comment peut-on partir de réflexions intello et amener ça dans l'extrême accessible? Il a offert sa réponse dans l'emballage musical de ses chansons... Et le voilà qui récidive avec le visuel de ses clips et de son spectacle.

Le mot «Punkt», Pierre Lapointe l'a notamment imprimé sur des boîtes de céréales dans la vidéo de la pièce Plus vite que ton corps. Entre autres extravagances, il tire du fusil à eau assis dans un panier d'épicerie et fume la chicha avec un groupe d'étranges mascottes.

«On a fait un habillage extrêmement bonbon», précise-t-il.

Un nouveau groupe

S'il a travaillé fort sur les éléments visuels de son nouveau concert, Pierre Lapointe a aussi rebrassé les cartes sur le plan musical. Il a fait le choix de laisser derrière ses complices de la dernière décennie (Josianne Hébert, Philippe Brault et Guido Del Fabbro, notamment) pour s'entourer d'une nouvelle équipe.

«Ça faisait 10 ans qu'on travaillait ensemble, j'étais heureux avec eux, mais je sentais qu'il fallait que je change mon énergie un peu», explique-t-il.

Pour la tournée Punkt, Félix Dyotte (Chinatown), Francis Mineau (Malajube, Oothèque), Amélie Mandeville et Denis Faucher offrent un band rock à Pierre Lapointe.

«On a pris les chansons et on s'est dit: on fait ce qu'on veut avec, évoque-t-il. Certaines sont plus fidèles à leur forme d'origine, mais il y a beaucoup de réappropriation. On a intégré mon répertoire à cette nouvelle démarche de groupe.»

Soucieux de bien huiler la machine, Lapointe a convié ses fans de Gatineau à une séance de rodage à la fin de l'été. L'objectif: demander au public de rester après le spectacle pour recueillir ses impressions. Une idée qui lui a, semble-t-il, été inspirée de Robert Lepage et qui s'est avérée aussi constructive que rassurante.

«Depuis un an et demi, je fais des discussions après les spectacles dès que c'est possible, précise-t-il. Les gens me posent des questions. Pour eux, ça démystifie le métier. Moi, ça m'aide à voir un peu qui vient me voir. L'échange est toujours valorisant.»

À Québec comme à Paris

Pierre Lapointe se fait toujours une joie de revenir chanter dans la capitale. «Chaque fois, il y a une petite magie... Et je ne dis pas ça pour être cute: c'est vrai!», jure-t-il. Le chanteur évoque les Plaines, le parc de la Francophonie et le Grand Théâtre, où le public a toujours répondu en grand nombre à ses invitations.

«Pour nous, c'étaient des records d'audience, indique-t-il. Il y a toujours un engouement. C'est comme quand je joue à Paris. Il y a une sorte d'énergie explosive que je retrouve à Québec, mais pas à Montréal. Ce n'est pas la même sensation. Peut-être parce que je suis chez nous à Montréal, parce que je vais travailler en métro. Ça change un peu la dynamique!»

Pierre Lapointe amorce sa tournée, vendredi, au Théâtre Granada de Sherbrooke. Il sera Grand Théâtre de Québec le lendemain, au Centre Phi de Montréal, le 14 novembre, et à Sainte-Agathe des Monts le 15 novembre. L'Olympia l'attend à la fin du mois de janvier.