À 67 ans, Cher pose toujours en nuisette et perruque blonde sur la pochette de son nouvel album Closer to the Truth. «Les femmes de ma génération ne cèdent leur place à personne», dit malicieusement la chanteuse américaine, égérie des années 60.

«J'ai noté que les femmes de la génération de ma mère, celles de la génération de ma grand-mère s'écartaient d'elles-mêmes à partir d'un certain âge», a récemment expliqué la chanteuse lors d'une conférence de presse à Paris.

«Dans ma génération - en particulier dans le milieu musical - si vous pouvez nous faire partir, vous pouvez vous installer, mais si vous n'y arrivez pas, nous restons. Toutes les autres générations se seraient écartées pour faire place aux jeunes, mais nous n'abandonnons pas», a ajouté la chanteuse venue faire la promotion de son album.

Parmi ces jeunes qui veulent sa place, Miley Cyrus s'est récemment attiré un tombereau de critiques pour sa provocante prestation lors d'une cérémonie de récompenses aux États-Unis.

Cher avait initialement abondé dans le sens des détracteurs de la jeune fille. Mais elle a depuis révisé son jugement.

«Je ne suis pas un fan, mais je la respecte parce qu'elle est très intelligente. Au départ, je trouvais ça vraiment mauvais. Je n'aimais pas ça parce que je pensais que ce n'était pas professionnel», a-t-elle raconté.

«Mais je me suis dit «Elle ne fait pas ça pour des gens comme moi». Elle le fait pour son public et c'était tellement parfait que ça en était génial», a estimé la chanteuse.

Closer to the Truth, orienté vers la danse dans la lignée de son succès Believe, est le premier disque de Cher depuis 12 ans.

Comme les Rolling Stones et Paul McCartney, autre sexagénaires particulièrement actifs, elle compte l'emmener sur scène, avec 49 concerts déjà prévus aux États-Unis et au Canada. Et plus, «si je le sens», dit-elle.

Après avoir débuté dans les années 60 en duo avec son mari Sonny (et le classique hippie I Got You Babe), Cher est devenue une star planétaire en solo. Elle a cumulé une carrière de chanteuse (plus de 100 millions d'albums vendus dans le monde) et une d'actrice, qui lui a notamment rapporté un Oscar et un prix d'interprétation à Cannes.

«Enterrée en France»

Icône auprès des gais, elle n'hésite pas à monter au créneau pour défendre ses convictions. Le mois dernier, elle a refusé de participer à l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver à Sotchi en février 2014, en signe de protestation contre la promulgation par le président Vladimir Poutine d'une loi punissant la «propagande» homosexuelle devant mineur.

«Je pense que la (loi russe) parle d'elle même. Il suffit de la lire et d'écouter tout ce qui se passe là-bas», a-t-elle déclaré à Paris.

La chanteuse, dont l'album s'ouvre sur le titre Woman's World s'est également dite effarée par le recul du féminisme aux États-Unis, avec la fermeture de nombreuses cliniques pratiquant l'IVG à travers le pays.

«Nous menons une terrible bataille que nous avions déjà gagnée dans les années 70 et que nous avons perdue de nouveau au cours des dix dernières années», a-t-elle estimé, regrettant que les femmes «perdent le contrôle de leur corps».

«Je pense qu'on devrait revenir au féminisme parce qu'on ne peut pas perdre tous nos droits et faire le mort», a-t-elle ajouté.

Et si l'Américaine adepte de chirurgie esthétique n'envisage pas encore la retraite, elle a déjà pensé à ses funérailles.

«J'ai toujours voulu être enterrée (en France), mais ce n'est autorisé que si vous mourez sur place. Donc si je le sais à l'avance, que je tombe très malade, j'arrive!», a-t-elle confié.