Le Montréalais Jef Barbara était à Paris, la semaine dernière, lors de la sortie de son nouvel album Soft to the Touch. Il a offert un spectacle dans la chic boutique de Roger Vivier pour un événement du magazine de mode Vogue. Peu avant, il s'était produit au festival Elektricity de Reims.

Jef Barbara est stylé, excentrique et branché, mais il n'a rien d'intimidant. Tout le contraire. Le fils de parents haïtiens nés dans Côte-des-Neiges est humble et doux comme un agneau à interviewer.

Sur scène, sa musique et son allure d'androgyne sont un fascinant retour dans l'âge d'or du glam, du soul de salon et du soft rock. Avec des chansons comme Florida Is the Future, Erection et Song for the Loveshy, Jef Barbara se pavane dans un univers kitsch, frenchy, rétro et de haute tension sexuelle. Pensez à David Bowie et Freddie Mercury.

Si le soul et le disco-glam ont la cote par les temps qui courent, c'est l'univers de Jef Barbara depuis des années. Soft to the Touch, son deuxième album officiel, appartient autant à lui qu'à ses musiciens. Ils font partie de Jef Barbara. «On a voulu avoir un son plus rock et moins séquencé pour mieux représenter le live

Il faut avoir vu le musicien en spectacle pour comprendre à quel point ses compagnons ajoutent aux chansons: la basse suave de Jackson MacIntosh, la batterie langoureuse de Guillaume Ethier et la guitare unique d'Asaël Robitaille. «Son jeu de guitare est très personnel, opine Jef Barbara. Le but premier de Soft to the Touch, c'est d'être glam avec un esprit de narration.»

Au fil du temps, il est devenu un auteur-compositeur libéré. «À mes débuts, j'étais stressé, mais je suis libéré d'inhibitions. Le costume, le spectacle... Ça me plaît beaucoup. C'est thérapeutique et je suis une personne amoureuse des images. Il y a beaucoup de composition dans mon personnage: l'habillement, le style...»

Album éclectique

Jef Barbara est fort satisfait de la richesse et de l'éclectisme sonore des chansons de son nouvel album. Il cite les influences brit-pop de Chords, chanté en duo avec Laetitia Sadier de Stereolab. L'hymne glam-rock I Know I'm Late. Le synthétiseur minimaliste de la pièce bilingue Crédit d'amour, arrangée de clarinettes et de vibraphone. «Chèque refusé/Chèque NSF/Tu m'as ruiné/L'amant grief/Crédit d'amour/Douleur du coeur/Je compte en heures/Tu comptes en jour», fredonne-t-il.

La carrière de Jef Barbara a pris un tournant majeur quand le groupe Stereolab a suggéré au compositeur et réalisateur parisien Bertrand Burgalat d'y prêter l'oreille. Le patron de l'étiquette Tricatel l'a ensuite accueilli dans ses rangs.

À Montréal, Jef Barbara est sous l'aile de Dan Seligman, le fondateur et directeur artistique du festival Pop Montréal, qui a lancé récemment le label Club Roll.

Jef Barbara s'est longtemps senti comme un ovni sur la scène indie de Montréal. «La scène émergente est moins ouverte qu'on le prétend. J'ai eu de la difficulté à me trouver une communauté», explique-t-il.

Finalement, le groupe Jef and The Holograms est né le temps d'un EP sorti en 2009 avec Mélanie Levitte, Dominique Ethier (Plaza Musique) et Xavier Paradis (Automelodi). «Plaza Musique était le meilleur groupe selon moi», souligne Jef Barbara.

Deux amis et proches collaborateurs, Dominic Vanchesteing et Philippe Roberge, signent respectivement la réalisation et le mixage de Soft to the Touch. «Ils comprennent bien ma personnalité musicale.»

La date est à confirmer, mais Jef Barbara se produira à Montréal au début du mois de novembre à la Brasserie Beaubien.