El Motor a lancé son deuxième album, Le monstre, mardi dernier. Un jeune groupe? Pas tout à fait. Ses deux membres fondateurs frôlent la quarantaine et ils se sont d'abord fait connaître avec le groupe Tremolo. Le retour d'El Motor après un long silence était souhaité et longuement attendu. Une belle surprise de fin d'été.
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Assis dans les bureaux de leur agence de production La Guerilla, Pierre-Alexandre Bouchard et Frédéric Boivin sont des amis, des collègues et des musiciens heureux. Le monstre, leur nouvel album, est à la hauteur de leurs attentes.
El Motor n'avait pas lancé d'album depuis six ans, en dépit de deux nominations à l'ADISQ et d'un grand succès d'estime.
Le quintette - complété par Alexis Dufresne, Guillaume Devin-Duclos et Pascal Gingras - venait de signer un contrat avec Vega Musique quand le patron de l'étiquette Michel Gendron est disparu.
«Sa mort nous a laissés en suspens. Le jour de la mort de Michel, notre chanson Alinea venait de faire son entrée à la radio et on tournait un clip. Cela a fait un peu mal... Nous sommes redescendus du mont buzz plus vite qu'on l'avait monté", relate Pierre-Alexandre Bouchard.
Ovni
À l'époque, El Motor était un ovni à côté des Sylvain Cossette et autres artistes populaires de Vega Musique, fondé en partenariat avec Universal Canada et le réalisateur légendaire Bob Ezrin (Pink Floyd). «Nous étions le groupe expérimental de Michel.»
El Motor n'a pas vraiment fait parler de lui depuis la tournée où le groupe a accompagné Louise Forestier (mère d'Alexis Dufresne). Le deuxième album devait sortir en 2010, mais le groupe n'était pas satisfait du résultat.
Après maintes recherches, menaces de séparation et remises en question professionnelles et artistiques, El Motor a décidé de prendre la formule «clé en main» de l'étiquette Big Fat Truck de leur ami Stéphane Papillon. Ajoutons qu'El Motor a de l'aide pour ses relations de presse, puisque la belle-mère de Pierre-Alexandre Bouchard est la relationniste de Céline Dion, Francine Chaloult (qui est la mère de sa femme, Rafaële Germain).
Pierre Girard
Alexis Dufresne a signé la réalisation du premier disque, pour ensuite se joindre au groupe. Cette fois, Pierre Girard a coréalisé Le monstre avec El Motor. «Pierre Girard est important dans cet album-là», souligne Frédéric Boivin.
Girard est derrière les meilleurs albums rock des dernières années. Il a guidé le son des Malajube, Fred Fortin, Beast, Galaxie et Karkwa.
«Nous sommes arrivés en studio plus prêts que la dernière fois. Après cinq ans de gossage, on savait ce qu'on voulait et on avait pratiqué nos tounes. Pierre était parfait, car on voulait un album rock et brut. Je pense que nous avons enfin trouvé notre son.»
Pierre-Alexandre et Frédéric décrivent leur album de façon juste. Le son est plus live que sur le premier disque. Plus concis. Épuré plutôt que beurré épais. Du rock mélodique aux structures pop, qui évoque un road trip (à la fois mental et territorial) et des histoires d'amour tordues aux images fantastiques.
La corde
La chanson La corde revient sur la quasi-mort d'El Motor, il y a cinq ans: Use-moi jusqu'à la corde et là/Accroche-moi sur la grande poutre de bois/Et si je serre la mélodie s'achève.
«Je veux qu'on se promène d'une émotion à l'autre. Du cynique au touchant», résume Pierre-Alexandre Bouchard, dont le chant langoureux, légèrement baveux et poseur, donne un souffle viscéral aux chansons.
Une pièce instrumentale vient agréablement ralentir la cadence aux deux tiers du disque. Le monstre rassasiera la soif automnale des amateurs de rock francophone, dont l'offre se fait de plus en plus rare.
Il reste des billets pour le spectacle-lancement au Lion d'or, mercredi soir.
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