Sa phase métal bien derrière lui, Mononc' Serge renoue avec sa bonne vieille gratte acoustique. Pas de quoi paniquer: ce n'est pas parce qu'il fait moins de tapage qu'il s'est calmé le pompon!

Mononc' Serge, quand il n'est pas sur scène, est un animal domestiqué. Il mène une vie rangée dans une maison en rangée située à deux pas du Stade olympique: il fait le lavage, s'occupe de sa petite affaire et prend soin de son jeune fils. «Dans la vie, je suis un gars straight, dit-il. Faire des chansons, c'est mon exutoire.»

La maison est bien sûr au nom de Serge Robert, l'auteur-compositeur derrière ce fou du roi outrancier. Mais la cohabitation semble se faire sans heurt: Mononc' Serge dispose d'une pièce au sous-sol pour enregistrer ses maquettes et ranger ses instruments, dont cette vénérable contrebasse qui date du temps des Colocs et qui «n'est plus fiable» depuis qu'elle a déboulé un escalier...

Mononc' Serge ne travaille pas qu'ici. Ses disques, il les enregistre au studio de François Lalonde, avec qui il jouait dans Les Blaireaux, au siècle dernier. Lui qui gueule volontiers sur scène se montre aussi soucieux de ne pas faire trop de bruit chez lui pour ne pas déranger ses voisins. Ce n'est toutefois pas la raison pour laquelle son dernier disque est plutôt acoustique: après des années de métal et de rock sale, il a juste eu envie d'un disque plus mollo. D'où la guitare acoustique.

Faire oeuvre utile

Mononc' Serge, rassurez-vous, ne s'est pas transformé en chansonnier bien-pensant. «Quand j'écris mes chansons, je ne me dis pas qu'il faut que j'améliore la société», dit-il. Ce qui ne signifie pas qu'il ne fait pas oeuvre utile: son humour grossier, son sarcasme osé, son éloge de la médiocrité et ce varlopage en règle de la niaiserie auquel il s'adonne font un bien fou.

Même quand, au détour d'une phrase, il cherche à faire rire jaune en usant de références potentiellement explosives à la pédophilie (La maladie du préjugé) ou à Marc Lépine, l'auteur du massacre de Polytechnique en 1989 (dans Campagne). «Peut-être qu'à la longue, je finis par être immunisé», songe-t-il.

Mononc' Serge ne fait évidemment pas l'apologie de ces horreurs et ne pense pas la moitié de ce qu'il chante. Seulement, aller dans le sens contraire du vent est une sorte de réflexe pavlovien chez lui. «Si j'avais un comité qui devait approuver tout ce que je fais, ce serait dull en crisse, dit-il. Je ne fais pas de la musique consensuelle.»

Non, en effet. Et il se moque justement de la musique «beige» dans Rendez-vous mou, chanson qui cite et écorche au passage des succès de Richard Séguin, Gerry Boulet, Daniel Lavoie, Marjo, Robert Charlebois, Michel Rivard, Pierre Bertrand et Paul Piché («Y vas-tu finir par la débouler/Son hostie d'escalier» !). Sans gêne, sans peur et, presque, sans reproche...

Mononc' Serge assure en effet qu'aucune de ses chansons passées ne l'a «substantiellement» mis dans le trouble. Ses déclarations en spectacle, où il perd tout sens de la mesure, le placent parfois dans des situations bien plus délicates. «Il y a une part de déconnade dans tout ça et je pense que les gens ne me prennent pas trop au sérieux. Alors c'est bien, assure-t-il, ça me donne une grande liberté de ton!» Et à nous, un défouloir toujours bienvenu.

ROCK

Mononc' Serge

Pourquoi Mononc' Serge joues-tu du rock'n'roll?

Indépendant/Dep