Les disques de Xavier Caféïne nous permettent de suivre le musicien dans différents pans de sa vie, de l'Asie aux arts martiaux. Son nouvel album, New Love, lancé aujourd'hui, suit un gros chagrin «qui lui a fait voir la mort» et revoir sa conception de l'amour.

«Je dois m'autocensurer, car il y a des choses qui doivent rester pour moi», lance Xavier Caféïne en entrevue.

Le chanteur revient de loin avec la sortie de son album New Love. «J'ai vécu de la douleur en masse. On s'en rend compte dans les textes. C'est une peine d'amour, une peine de tout. C'est de refaire son monde à partir de ruines», dit-il.

Passer par les émotions les plus déchirantes est un processus fort inspirant et salvateur pour un musicien. «C'est très post-guerre comme album avec une ambiance moderne cold-wave synthétique», explique Xavier Caféïne, qui s'est payé un trip de claviers en studio à New York avec Gus Van Go et son acolyte Werner F.

Le «new love» du rockeur n'est pas une nouvelle flamme. Au contraire. C'est sa réponse à une question qui lui a angoissé l'esprit: l'amour, c'est quoi?

«L'amour fait mal dans 90% de ta relation. Tu paies pour le 10% d'euphorie pendant lequel tu as rencontré Dieu, lance-t-il. Comme beaucoup de gens, j'ai un coeur stupide qui aime fort, beaucoup et mal... Disons que je m'abstiens pour l'instant.»

L'amour qui rend Xavier Caféïne heureux actuellement n'est pas celui éprouvé pour une fille, mais celui éprouvé pour les autres et son entourage. «Mon coeur est décousu, mais je suis sorti de l'éclipse», chante-t-il sur Lettre d'amour, l'une des deux pièces en français de New Love.

New Love carbure avec des hymnes qui collent à la peau. «C'est encore plus urgent que mes autres albums, car je suis allé plus proche de la mort», explique Caféïne.

L'enregistrement de New Love s'est fait en trois temps. «J'ai fait la première partie dans mon loft à Montréal dans le peak de ma peine d'amour, raconte Caféïne. Après, j'ai loué une maison à l'île d'Orléans pendant un mois, sans auto, sans téléphone et sans internet... L'adversité de la nature et du silence m'a fait écrire beaucoup.»

Xavier Caféïne a frappé un autre mur quand il a osé faire écouter quelques trucs à des gens pour qui son matériel n'était pas à point. Rongé par l'insécurité, il s'est rendu à New York pour rencontrer le réalisateur Gus Van Go (Trois Accords, Vulgaires Machins), avec qui il désirait travailler depuis longtemps. «J'allais lui dire qu'on pouvait tout recommencer et il m'a dit que j'avais trop de bon stock et qu'il fallait en enlever.»

En studio, Caféïne était libre de suivre ses élans créatifs, car il pouvait jouer de tous les instruments. Gus Van Go et lui se sont gâtés à coup de références rock (The Cure, Joy Division et même Arcade Fire) et d'arrangements à la densité sonore à fleur de peau et aguichants pour les oreilles. «Tout était possible sans attendre après personne», dit Caféïne.

Le mandat de Gus Van Go: «En mettre plus que pas assez.» Amplifier les compositions de Xavier Caféïne, qui a déjà un redoutable sens de la mélodie, que ce soit pour toucher ou faire danser l'auditeur.

Caféïne voit grand et souhaite une belle vie internationale à New Love. «Je suis bizarrement pas très nerveux avec la sortie du disque. Je l'aime assez fort pour m'en foutre à la limite que t'aimes ou tu n'aimes pas.»

Une vie sans lendemain

Avant son album Gisèle (sorti en 2006), Xavier Caféïne pensait quitter la musique pour «apprendre un vrai métier». «J'ai fait mon disque Gisèle comme un testament rock. Et juste pour faire chier, l'album a marché...»

Avec sa nature intuitive qui n'aime pas prévoir les lendemains, Xavier Caféïne est l'incarnation parfaite de l'esprit vagabond et rock'n'roll. «J'ai fait des choix de vie. J'ai 37 ans et ce n'est pas dans mes plans d'avoir des enfants. Je n'ai pas de maison. J'ai rien. Je n'ai même pas de guitare et de micro. Je n'ai plus rien et je ne veux rien. [...] C'est une façon de vivre. Pour aller là, il faut une discipline, mais c'est le chaos. Ma mère angoisse beaucoup avec comment je vis!»

Caféïne vit au gré de ses entrées et de ses sorties d'argent. «J'ai la possibilité de crisser mon camp n'importe quand. Il y a des avantages et des angoisses à se sédentariser, mais pour moi, c'est la prison.»

L'une des chansons de New Love parle du foutu temps qui passe, du «fucking time». «Le temps passe très vite... c'est un décollage de fusée, dit le musicien de 37 ans. Il faut en être conscient. J'ai des amis qui sont devenus vieux. Moi, j'ai vécu plus que ce à quoi je m'attendais. La vie a été bonne, dure et juste.»

«Je ne suis pas un jeune ni un vieux, poursuit-il. Mes idoles sont Joe Strummer, David Bowie et Iggy Pop. Des gens qui vieillissent bien. Je prends exemple sur eux. De rester classique et intègre.»