Sa vie a changé quand elle assuré la première partie de Dany Placard, dans son Abitibi natale. Sans le savoir, c'était le début d'une carrière musicale. Si son premier album n'était pas prévu, le second est le fruit d'une démarche «sérieuse» où Chantal Archambault s'est entourée d'une belle bande de gars pour habiller son folk charnel.

Ton fusil braqué à mes flancs/J'ai succombé à tes appâts, chante-t-elle au tout début de son album Les élans, en magasin mardi.

Chantal Archambault assume complètement l'odeur charnelle de son album. «La beauté, l'amour, tout ce que cela englobe! lance-t-elle. Les touchers, les baisers, le désir...»

L'auteure-compositrice est amoureuse, heureuse et contagieuse. «Il y a bien des choses sur le plan social qui ne vont pas bien, mais quand on est en amour et en couple, on se rabat sur ça et on est comblé», dit-elle.

Au cours de la dernière année, Chantal Archambault a aussi sauté à pieds joints dans la musique. «Le dernier album, ce n'était pas un album prévu. Je n'avais pas d'intention. Je vivais à distance en Abitibi et j'ai pitché mes chansons à Dany [Placard], raconte-t-elle. J'avais fait sa première partie en Abitibi et ç'a cliqué. Il a vu un potentiel que je ne voyais pas.»

Pour reprendre les mots de Chantal Archambault, Dany Placard «a donné le battement d'ailes» au premier album de la chanteuse, La romance des couteaux, qui est sorti en 2010. Et c'est aussi Placard qui a donné la première envolée à l'album Les élans. «Il m'a sorti une mélodie de refrain dans ma cuisine et ça a donné la première chanson.»

Chantal Archambault est psychoéducatrice de formation. Elle a passé beaucoup de temps dans la communauté autochtone de Kitcisakik, sujet du film Le peuple invisible de Richard Desjardins. Mais le succès de son premier album est venu chambouler son quotidien, l'amenant notamment à Montréal.

«J'étais assise entre deux chaises, investie à deux places, mais à moitié, explique-t-elle. En 2012, il y a eu tellement de mouvements et de changements dans ma vie, ç'a beaucoup nourri ma création.»

La belle rousse aux yeux bleus est aussi tombée follement amoureuse du bassiste et guitariste Michel-Olivier Gasse (Vincent Vallières), avec qui elle partage la scène et chante en duo la pièce Chambre 16 sur son nouvel album. Les paroles vont comme suit: Dis-moi que lorsque je reviendrai/Ton corps ne demandera qu'à m'aimer/L'abandon à bout de souffle dans la pièce noire/Vivra en veilleuse dans ta mémoire.

«Je suis vraiment en amour... lance Chantal Archambault candidement. On se gâte dans cette chanson-là.»

Michel-Olivier Gasse est un proche collaborateur de Dany Placard, qui coréalise Les élans avec Guillaume Bourque. «Merci, Dany Placard, d'être encore là pour moi. T'es l'élément déclencheur des plus belles choses qui me soient arrivées ces dernières années», lui dit Chantal Archambault dans la pochette de son disque.

En studio, la chanteuse a aussi reçu le batteur Gabriel Lemieux-Maillé et le pianiste Renaud Gratton. «J'apprécie tant le travail des gars! Ils mettent des arrangements et de la chair autour de mon petit os simple.»

Pour les belles voix de filles qui enjolivent quelques pièces, Chantal Archambault a engagé les deux filles les plus populaires de l'heure pour leurs harmonies vocales: les soeurs Boulay. «Ces deux filles-là me font capoter. Elles viennent me chercher dans tous les sens.»

Par rapport à La romance des couteaux, Les élans est plus doux, moins carré. La raison est bien simple: l'équipement des studios 270 et Piccolo. «Je n'avais jamais vécu ça... la qualité du son. Ç'a m'a fait stepper!», s'exclame Chantal Archambault.

Ghyslain-Luc Lavigne a assuré la prise de son et le mixage de l'album. «Il a manifesté son intérêt de travailler avec nous. Je n'en reviens pas comment il trippe sur l'album.»

Dévoiler son jardin secret

Vous l'aurez deviné, Chantal Archambault est émerveillée dans la vie comme dans son art. Son tempérament explique les paroles si imagées et spontanées de ses textes. «J'écris beaucoup sur le coup de l'émotion, de façon intuitive», explique-t-elle.

La sincérité de ses sentiments va de pair avec les ombres country de son folk. «Je n'ai jamais cherché à faire du country. Mes riffs sont simples. C'est peut-être ce qui explique les touches country, car je n'ai jamais cherché à en faire.»

Chantal Archambault a néanmoins dû apprendre à lever le voile publiquement sur ses aléas intérieurs. «Avec La romance des couteaux, je trouvais ça lourd de me dévoiler.»

C'est la même chose avec sa nouvelle chanson Les vivaces, inspirée d'une rupture. «C'est toujours spécial d'écrire sur quelqu'un... Je ne savais pas si j'avais envie de mettre cette chanson-là à la disposition des autres, mais les gars m'ont convaincue.»

Chantal Archambault travaille toujours dans une garderie comme psychoéducatrice. «Avec la musique, tout tourne beaucoup autour de moi. C'est moi, le produit... Avec les enfants, je ne pense pas à moi et je m'investis dans d'autres. J'ai besoin de ça.»

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FOLK. Chantal Archambault. Les élans. Indica, en magasin mardi.